La Fontaine d'Aucour, l’un des monuments les plus emblématiques de la ville d'Oran, a longtemps été le témoin d'une richesse historique et artistique remarquable. Parmi ses éléments les plus célèbres figuraient les lions ailés, symboles de puissance et de protection. Ces sculptures majestueuses ont été associées à la fontaine tout au long de son histoire, mais aujourd'hui, elles ont disparu, laissant derrière elles de nombreuses interrogations.
Les lions ailés qui ornaient la Fontaine d'Aucour étaient bien plus que de simples éléments décoratifs. Ils incarnaient la force et la vigilance, des qualités essentielles pour un monument destiné à embellir la ville d'Oran. Construite durant la période coloniale française, la fontaine servait de point d’attraction pour les habitants et les visiteurs, devenant un lieu de rencontre et de contemplation.
Ces lions étaient une véritable œuvre d'art, leur design symbolisant la fusion entre la noblesse animale et l'élan du ciel, un hommage à la puissance de la nature et à la grandeur de la ville. Ils étaient installés de manière stratégique, ajoutant une touche de majesté à la place qui accueillait la fontaine.
Au fil des années, les lions ailés ont disparu. Leur disparition est survenue pour des raisons variées, notamment les dégradations naturelles, les vols et probablement des décisions architecturales liées à l'entretien du site. Si les détails exacts de leur disparition restent flous, une chose est certaine : ils ont été remplacés par des éléments décoratifs moins impressionnants. Selon certaines sources, ces lions ont été enlevés, et les remplaçants, des hippocampes en béton, ne parviennent pas à restituer la majesté qu'ils incarnaient.
L'absence des lions ailés dans leur emplacement d'origine est une source de regrets pour de nombreux Oranais et passionnés d’histoire, qui voient dans ce changement un appauvrissement du patrimoine culturel local.
Il est à la fois choquant et décevant de constater que des éléments aussi précieux de l’histoire de la ville aient disparu de manière aussi furtive. Mais, au-delà de la disparition des lions, c'est un phénomène plus large de dégradation du patrimoine culturel qui se dessine. Un phénomène qui va bien au-delà des actes de vandalisme qui défigureront des fontaines publiques, souvent commis par des individus détraqués ou intolérants. En effet, certaines figures politiques et administratives, en particulier des hauts fonctionnaires, ont été accusées d’avoir acquis des biens publics à des fins personnelles, parfois de manière illégale.
C’est le cas de l'ex-préfet d'Oran, qui aurait enlevé les lions ailés de la Fontaine d'Aucour pour les installer dans sa villa à Canastel. Ce geste, bien que peu médiatisé, soulève une question importante : comment les autorités peuvent-elles permettre qu'un tel patrimoine, représentant la mémoire collective, soit privatisé de cette manière ?
La disparition des lions ailés souligne l'importance de la conservation du patrimoine historique, non seulement pour la beauté des monuments mais aussi pour la mémoire collective des habitants. La Fontaine d'Aucour, sans ses lions ailés, perd une partie de son âme, et avec elle, un chapitre essentiel de l’histoire d’Oran.
Il est impératif que des efforts soient faits pour protéger nos monuments et nos œuvres d'art. Les autorités locales et nationales doivent prendre des mesures pour garantir que le patrimoine culturel d'Oran et de l'Algérie dans son ensemble soit préservé pour les générations futures. Il est temps de mettre un terme à la culture de l'oubli et de l'appropriation privée des objets historiques, et d'assurer que les symboles de notre passé restent accessibles à tous.
La question du sort des lions ailés de la Fontaine d'Aucour à Sidi El Houari nous rappelle que la défense du patrimoine culturel est une responsabilité collective. Il est crucial de veiller à ce que les artefacts historiques et les œuvres d’art qui forgent l’identité de notre nation ne soient ni volés ni dégradés. Le patrimoine d'Oran appartient à tous les Oranais, à tous les Algériens, et à l'humanité tout entière. Il est temps de restaurer ce qui peut l’être et de défendre ce qui reste.
Posté Le : 01/01/2025
Posté par : patrimoinealgerie