Où sont passées les entreprises citoyennes' C'EST LE DESARROI CHEZ LA POPULATION

Certains ont préféré rester sourds aux cris de détresse des populations en manque d'approvisionnement en produits de première nécessité.
Rien n'est plus dramatique pour une population que de se retrouver face à elle-même, dans les moments de détresse. En effet, le pays vit depuis quelques jours au rythme d'une météorologie particulièrement austère pour ses habitants. De l'est à l'ouest, au nord du sud, la rigueur du climat et les chutes abondantes de neige ont provoqué l'enclavement de plusieurs régions d'Algérie.
Les routes impraticables et coupées, l'électricité et le gaz interrompus, les bonbonnes de butane raréfiées, l'eau ne coule plus des robinets, les communications téléphoniques impossibles à effectuer, la liste est encore longue. Cependant, on a assisté depuis un certain temps, des sociétés, les grandes, s'autoproclamer comme étant des «entreprises citoyennes». Il suffit de taper ce slogan sur Google pour voir défiler sous les yeux une liste, non exhaustive, d'entreprises se réclamant «être proches des citoyens.» «Les entreprises citoyennes», en somme. Mais, le bouleversement climatique de cette semaine, a finalement «dénudé» la stratégie de ces entreprises dont la finalité n'est autre que de faire des gains colossaux et fourguer leur marchandise à ces humbles citoyens pris en tenaille par cet événement qui constitue, pour une certaine catégorie de gens, des moments de joie, de farniente au demeurant. Cela étant, les entreprises, connues, et elles sont nombreuses, activant dans le domaine des travaux publics, entre autres, n'ont pas daigné lever le petit doigt pour engager leurs engins afin de déblayer les routes et les accès vers la capitale, Alger. «Nous avons mis 4 heures pour venir de Chéraga à El Biar», regrette Ouali, qui transportait son gamin à l'hôpital et bloqué dans l'embouteillage causé par la poudreuse. «Il suffit de deux flocons de neige pour que les routes soient impraticables», ajoute un autre citoyen, en pressant le pas pour rejoindre son lieu de travail. Pendant que les réactions d'automobilistes s'enchaînent, d'autres passagers posaient devant les objectifs, de téléphones portables ou d'appareils photo, pour immortaliser ces moments «rares» pour eux. «Personne ne se soucie de déneiger ce boulevard, pourtant nous sommes au coeur d'Alger», fulmine un anonyme à bord de sa petite bagnole. Pourtant «les entreprises, censées être présentes aujourd'hui ici et partout ailleurs où le besoin est senti pour aider les gens en difficulté, ont brillé par leur absence. Elles ont tellement engrangé de gros bénéfices au point d'oublier la bannière sous laquelle elles se sont développées.» Attendent-elles peut-être des offres de services de l'Etat pour réagir à une telle situation d'urgence' On serait tenté de répondre pas l'affirmative! Ce ne sont pas seulement les entreprises du BTP qui sont tenues, par devoir citoyen justement, de porter secours à la population, mais les entreprises de fabrication et transformation des produits alimentaires sont concernées. «Elles sont sourdes aux cris de détresse des populations en manque d'approvisionnement en produits de première nécessité», témoigne un quinquagénaire qui venait d'avoir des nouvelles de ses parents qui habitant la région de Bouira, à une centaine de kilomètres à l'est d'Alger. En somme, ce ne sont pas les beaux slogans qui font qu'une entreprise est citoyenne ou pas, mais c'est à travers ses actes et faits qu'elle peut définitivement être au service de la population.