Où serons-nous l'année prochaine '

Bases américaines, banques françaises, constructions chinoises et pressions religieuses saoudiennes, l'Algérie aura, un demi-siècle après son indépendance, intégré le concert des nations de façon assez étrange. A la pointe du Tiers-Monde, de l'autosuffisance et du non-alignement, elle s'est retrouvée flottant dans les espaces internationaux.En plein milieu de la Méditerranée, elle n'a construit que deux bateaux en 50 ans. A l'entrée de l'Afrique, elle n'a construit que deux routes vers le continent et, sur le passage des navires marchands planétaires, n'a fait qu'acheter là où elle pouvait vendre. Maghrébine sans l'être, blanche les nuits de pleine lune, elle chante en berbère, prie en arabe et dirige en français.Et là où les Algériens étaient interdits dans les espaces tenus par les colons, elle interdit aujourd'hui le Club des Pins aux Algériens, les lieux publics aux photographes et les libertés à tout le monde en gérant les quotas de représentation politique comme elle gère les importations de biscuits. Si elle a fait quelques progrès, l'entêtement à diriger des hommes, qui ont très peu assimilé les valeurs de Novembre, fait craindre le pire.Quel destin ' A la saoudienne, qui vient de lancer un emprunt record de 17 milliards de dollars ou à la vénézuélienne, autre pays pétrolier au bord de la faillite ' Il n'y a, hélas, aucune idée précise sur le développement à suivre, une fois à droite, une fois à gauche, souvent coincés à un rond-point, avec ce vague choix discuté par les think tanks au pouvoir entre importer ou construire des voitures, ne pas payer les retraites ou tuer les vieux à la naissance. La solution serait peut-être de faire de l'Algérie un genre de Panama, paradis fiscal pour tous, vu sa position géographique et cet appât du gain facile qui rassemble les Algériens, du sommet à la base de l'Etat. L'avantage serait déjà d'éviter que les ministres aillent au Panama déposer leur argent. Ils pourraient le faire à Alger-Centre.