Algérie

Où se situe le vrai problème'


A vos jerrycans'
Le ministre des Ressources en eau, annonçait que «l'heure est désormais à l'amélioration des performances des prestations du service public de l'eau».
Comment expliquer qu'en dépit d'une forte pluviométrie, l'eau vient-il à manquer encore dans certaines régions du pays' Pourtant, ce ne sont ni les infrastructures ni les moyens financiers qui manquent en Algérie. Comment se présente réellement la situation sur le terrain' Rectifiant la sémantique, le ministre de Ressources en eau a d'abord affirmé que le pays n'est pas dans une situation de crise, mais subit les perturbations dans la distribution. Il déroule ensuite un plan d'urgence qu'il a mis en place, en collaboration avec le ministère de l'Intérieur, qui viendra au secours de pas moins de 592 communes réparties sur dans 25 wilayas du pays. Necib est catégorique: «La situation de l'année passée ne se reproduira pas.» Si durant les années 1990 jusqu'à 2000, la vétusté des réseaux et le manque de capacités de stockage ont été de réelles entraves pour permettre une distribution correcte, ce n'est pas le cas aujourd'hui. Depuis l'année 2000, le gouvernement a placé la question de l'eau au centre de ses priorités. En prenant des mesures radicales pour se dégager d'une grave situation de stress hydrique qui touchait le pays. Appuyé par une réelle volonté politique, de gros budgets financiers ont été dégagés pour mobiliser aussi bien les ressources conventionnelles que non conventionnelles. Pour illustrer cette démarche, les exemples ne manquent pas. L'on cite les grands transferts dont celui de la nappe albienne de In-Salah vers le nord de Tamanrasset sur une distance de plus de 750 km! Les transferts du grand barrage de Beni Haroune vers les wilayas de Sétif et de Djelfa. Less transferts vers Alger venant des barrages de Taksebt et de Koudiat Acerdoun, le grand système appélé MAO (Mostaganem-Arzew-Oran) qui dessert le Nord-Ouest du pays. A ces projets s'ajoute la mobilisation de l'eau de dessalement dont ou en compte au moins 13. Avec de pareils efforts, il s'est trouvé une défaillance en eau potable dans 592 communes. Où résident alors les vrais problèmes'
Le changement climatique et la croissance démographique sont des éléments à prendre en considération dans la situation de stress hydrique, mais ils n'expliquent pas tout. Le ministre des Ressources en eau annonçait que «l'heure est désormais à l'amélioration des performances des prestations du service public de l'eau. Nous allons continuer à oeuvrer dans le sens de la mobilisation de cette ressource, mais l'effort portera fondamentalement sur l'amélioration du service public».
Nous avons en Algérie un sérieux problème de civisme qui ne touche pas uniquement le secteur de l'eau, mais aussi dans le domaine de l'énergie, de l'environnement. Le ministre des Ressources en eau cite souvent en exemple une wilaya de l'Est où l'ADE pompe de l'eau pour une population en situation de détresse et 80% de cette eau est tout simplement volée par des piquages illicites... Les autorités algériennes ont privilégié une politique de l'offre. Peu d'actions ont été conduites pour agir sur l'évolution de la demande en eau, c'est-à-dire les comportements des usagers. Si cet aspect se révèle crucial afin de réduire les pressions sur la demande en eau, il doit s'articuler avec une vraie politique de réduction des fuites et des gaspillages. Le phénomène ne doit-il pas impliquer et les médias publics et privés pour une très large et sérieuse campagne de sensibilisation. Car pour rester dans le cas de l'eau, les enjeux à venir seront cruciaux. Le phénomène de désertification des sols qui accentue la menace de sécheresse et donc la rareté de l'eau feront que l'accès durable aux ressources en eau sera encore plus difficile. La pression démographique, la sécurité alimentaire qui exigera d'étendre les surfaces irriguées, répondre aux besoins en eau du secteur énergétique sont autant de défis qui guettent l'Algérie. Rien que l'exploitation du gaz de schiste avec fracturation hydraulique exige à lui seul tout une stratégie hydrique.
Cela d'une part, d'autre part, la politique de l'eau mise en place par les autorités porte à s'interroger sur la poursuite des efforts dans la durée en termes de coûts. Aurons-nous une disponibilité de la ressource financière dans les années à venir pour soutenir cette politique et entretenir nos grandioses infrastructures' Sans compter que l'eau sera à l'avenir au centre des enjeux géostratégiques.
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