Algérie

Où pointer le doigt '



Où pointer le doigt '
Face aux errements d'une classe politique dont une composante majoritaire semble avoir oublié jusqu'aux fondements de la revendication pacifique, les quelques dizaines de personnes, jeunes et moins jeunes, qui ont bravé hier un impressionnant dispositif sécuritaire aux alentours de la Fac centrale d'Alger font figure de battants émérites. Ils n'ont fait que suppléer aux carences des partis qui croient braver le diable en personne en se fendant épisodiquement de communiqués de presse au ton guerrier. Leur littérature sert, pour beaucoup d'entre eux, davantage à se rappeler au bon souvenir des citoyens et à sortir épisodiquement du statut de l'intermittence dans laquelle ils ont hiberné le reste du temps. Statut partagé par une kyrielle de petits partis «cheyatine» sans aucune influence ni utilité pour le pouvoir et qui émergent de temps à autre pour sauter l'applaudimètre. L'occasion de la prochaine présidentielle est en train de confirmer les uns et les autres dans leurs postures amplement méritées.On peut toujours rétorquer qu'il est commode de tomber à bras raccourcis sur une opposition, brimée, réduite au silence, exclue de l'audiovisuel public. Quelques rares partis sortent, certes, du lot, mais sans jamais parvenir à se constituer en alternative crédible ni à faire preuve de leur capacité à forcer le changement par des luttes pacifiques. De nombreux exemples, récents, de par le monde sont là, pourtant, qui démontrent que des pouvoirs réputés fermés et autoritaires ont été contraints de lâcher du lest face à des groupes d'opposition qui ont su exploiter judicieusement les ressources que peut offrir un combat pacifique organisé. C'est pour cette raison que beaucoup d'Algériens sont mécontents du pouvoir sans être satisfaits des partis qui se réclament de l'opposition. Que les partis politiques algériens le sachent : si par extraordinaire les choses venaient à bouger sérieusement les prochains jours, ils devraient avoir l'honnêteté de s'en laver les mains d'avance. Parce qu'aux dernières nouvelles, le président Bouteflika devait rendre publique hier ou aujourd'hui sa déclaration de patrimoine, alors que le dépôt de sa candidature au Conseil constitutionnel est prévu demain. Quid des scénarios qui ressemblent à des plans tirés sur la comète et qui parlent d'un désistement de Bouteflika en faveur d'un autre qu'il sortirait de sa manche 'Le pouvoir n'est pas seul à avoir vieilli en Algérie. Ses rides trop apparentes, les cheveux et les sourcils teints de certains de ses représentants, son tonus musculaire concédé aux forces de l'ordre...la patine du temps ne peut plus être cachée. Mais de grâce, ne soyons pas comme le dromadaire qui se gausse de la bosse de son congénère. Les jeunes ne siègent pas en force dans les directoires des partis du pouvoir, les places étant prises par des retraités des fonctions supérieures de l'Etat que le montant élevé de leurs pensions ont mis définitivement à l'abri du besoin. Ils sont peut-être moins riches dans les partis de l'opposition silencieuse ou agissante, mais le poids des ans et du temps leur a fait déjà courber, à eux aussi, l'esprit à défaut de voûter leur dos. Alors, la faute à qui si la société algérienne est privée des contre-pouvoirs, qui, ailleurs, tempèrent l'autoritarisme des pouvoirs en place et ne s'éloignent jamais des citoyens dont ils portent, souvent pacifiquement, les aspirations et revendications 'A. S.




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