Censé soulager les bourses modestes, le poulet congelé n'aura été vendu que durant la première semaine du Ramadan. Puis plus rien. Que s'est-il passé ' Ni à Corso, ni à Rouiba et encore moins à Aïn Taya, les points de vente n'ont pu donner une explication logique à la disparition du poulet congelé des frigos des commerçants.
Le produit avicole frigorifié était disponible à 260 DA le kg comme le vantait la publicité de la Société des abattoirs du Centre (SAC). A Corso, un privé voyait sa marchandise s'écouler en quelques heures. A Rouiba, au niveau du marché couvert, le poulet du jour dont le prix voltigeait autour des 350 DA ne payait pas de mine devant le congelé que les familles emportaient. Cela marchait si bien, sans aucune tension. Mais sans aucun préavis, les mêmes points de vente privés affichaient des étals vides : plus de poulet congelé à 260 da. Les explications n'arrivent à convaincre personne. «On ne nous sert plus, c'est l'armée qui prend tout (sic!)», ou encore «il y a une rupture de stock du poulet algérien appelé à être congelé». Nous décidâmes de faire un saut à Aïn Taya où certains nous assurent la disponibilité du poulet congelé made in Algeria. Effectivement, nous tombons sur un chapiteau de la SAC. Mais un désordre indescriptible régnait. Les clients observent des files d'attente où les coups d'épaule sont rudes. Des petites gens sont là. D'un côté des femmes, souvent âgées et en apparat modeste. Parfois criant et gesticulant avec un coup d''il sur la marchandise de peur qu'elle soit épuisée. De l'autre, des hommes vieux ou jeunes mais à l'accoutrement simple. Un jeune habillé d'un uniforme blanc s'affaire derrière une caisse à encaisser pour le poulet emporté et dont la limite de vente n'excède pas les deux poulets par personne. A onze heures et demie, il n'y a plus rien. La marchandise a été écoulée dans sa totalité. Une vieille commence à hausser le ton. Elle a attendu durant des heures entières pour qu'en une demi-heure, toute la volaille s'envole. Grosse déception. Sa famille ne mangera pas de viande au f'tour d'aujourd'hui. Dur à avaler. Les jours suivants, la tendance inflationniste du poulet congelé et du poulet tout court se précise. Nous avons donc appelé au téléphone la direction générale de la Société des abattoirs du Centre, sise à Chéraga. C'est Tarek Bouzidi, directeur général, qui nous répond : «Effectivement, nous avons décidé d'arrêter d'approvisionner les franchisés pour une raison simple : défaut de paiement.» Notre interlocuteur se défend cependant d'être responsable de la pénurie. Il met en avant la mise en place de chapiteaux comme celui de Aïn Taya pour vendre directement aux citoyens. Toutefois, la chaîne de froid impose qu'en l'absence de moyens frigorifiques, il est impossible garder longtemps le produit. «C'est pourquoi, nous avons opté pour des livraisons selon trois rotations quotidiennes. Quant aux franchisés, certains d'entre eux se sont avérés des commerçants véreux et nous ne leur livrons plus.» Cette situation où une société doit contribuer à réguler le marché du poulet à travers une concurrence qui propose des prix plus à la portée des petites bourses avec des moyens dérisoires ne pouvait durer. Certes, l'Etat compensera l'entreprise étatique comme la SAC d'ici deux à trois mois mais toute la question est : est-ce que les entreprises étatiques sont prêtes à la concurrence voire seulement à la régulation du marché ' La réponse est non. Alors on rate encore une occasion de soulager un tant soit peu les souffrances des démunis. Devant l'absence d'une stratégie, d'une organisation et de moyens conséquents, les efforts de l'Etat en direction des populations dans le besoin s'envoleront comme le poulet congelé.
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Posté Le : 08/08/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Sadek
Source : www.lnr-dz.com