Algérie

Où est la relève'



Où est la relève'
Belkhadem a donc été déboulonné! Certes, à son corps défendant, alors qu'il aurait dû savoir se retirer de table quand il le fallait, comme la bienséance le recommande. Cela n'a pas été le cas avec une sortie, peu glorieuse, appuyée par ceux-là mêmes qu'il mit aux postes stratégiques et qu'il pensait être la garantie de sa pérennité à la tête du parti. Suprême mortification! Toutefois, la parenthèse Belkhadem fermée, reste le FLN. Que faut-il en faire' Comment redonner vie et raison d'être à un «parti» qui, durant des générations, aura surtout servi de marche-pied pour l'accès au pouvoir' Vaste débat, dès lors qu'aucun leader post-indépendance n'a émergé de ses rangs. Où est la relève' Où sont les hommes supposés reprendre le flambeau, de la génération 54, qui libéra l'Algérie, et lui construire des bases solides' Où est la génération de 2013, quand on voit que le plus «jeune» des membres du bureau politique du FLN est encore un solide sexagénaire dont l'avenir politique est en théorie derrière lui' A quoi travaillaient M.Belkhadem et ses amis durant la longue période qu'ils eurent à gérer le FLN' On parlait encore dans les couloirs du siège de Hydra - au lendemain de la chute du secrétaire général du FLN - d'homme de (du) «consensus» en lorgnant le défunt Abderrezak Bouhara (79 ans, dont la mort a faussé tous les calculs) afin de sauver les meubles, en l'absence d'un vivier de militants d'une nouvelle génération que le FLN n'a su ni générer ni prospecter, encore moins préparer. Alors, où puiser où chercher cet homme exemplaire, ce leader qui fait défaut au vieux parti qui se trouve démuni - pour ne point dire nu - devant une réalité qui, en vérité, le dépasse. L'Algérie, qui a produit Ben M'hidi, Zighoud, Boudiaf, Didouche, Abane Ramdane... des jeunes qui ont eu la prescience de ce que doit être ce pays en défiant l'une des plus grandes puissances militaires de leur époque, est-elle à ce point devenue stérile pour ne pas donner au pays une classe politique digne de lui' Nous ne le croyons pas, ni nous ne le pensons au regard de ce que les Algériens sont capables de faire lorsqu'on leur lâche la bride. Le pouvoir corrompe, l'exercice du pouvoir encore plus. Or, la génération (issue en partie du Congrès avorté du Cnra de Tripoli en Libye, de juin 1962) qui s'est emparée du FLN et s'est proclamée «gardienne du temple» n'a laissé aucune chance à l'émergence d'une classe politique alternative - que ce soit dans ses rangs ou à l'extérieur du parti monolithique - qui croit en l'avenir de ce pays, en sa jeunesse et en ses capacités à se dépasser. Cela n'a pas été le cas. Le FLN vivait en vase clos, cooptant ses éléments, non point du fait de leur compétence, sagacité et le plus qu'ils pouvaient apporter au parti, mais sur la base du clientélisme et du régionalisme. Dirigeant le pays depuis l'indépendance, le FLN, c'est naturel, a fini par s'épuiser n'arrivant pas à se renouveler, car il n'a pas su voir loin, ses responsables confondant leurs intérêts avec ceux du pays. D'où la crise sans fin qui marque ce parti depuis, notamment les événements d'Octobre 1988 et l'ouverture du champ politique national. La crise enfin, et ce n'est pas peu de le souligner, est que la génération de l'Indépendance (aujourd'hui septuagénaire et octogénaire) n'a pas su, sans doute voulu, passer le témoin à la génération post-Indépendance pourtant la plus qualifiée pour prendre la relève. Dans les crises qui agitent le parti, dont la dernière a vu l'éviction de Abdelaziz Belkhadem - ce dernier n'est en fait que la face visible de l'iceberg FLN... - c'est la nature même du FLN qui est mise à nue avec le concept de «redressement». Ainsi, comme ses prédécesseurs, Belkhadem a été «redressé». Pour quelles perspectives, si encore une fois on se tourne vers des hommes qui auraient dû, par sagesse, se retirer de la vie active depuis des décennies' Mais le fait est là: le FLN ne dispose pas de ces leaders quinquagénaires ou quadragénaires qui auraient donné une autre dimension et impulsion au parti et au pays. Regardez en France, la mue s'est faite naturellement, la classe dirigeante et de l'opposition - toutes tendances politiques confondues - sont issues de la génération post-Guerre d'Algérie. Qu'a fait l'Algérie pour promouvoir la génération post-indépendance et lui remettre le pouvoir' Ce sont ces petits détails qui font, ont fait la différence.


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