Algérie

Où est l'Islam de France '



La rentrée scolaire en France est dominée par un discours sur les tenues vestimentaires des apprenants musulmans qui monte jusqu'au sommet de l'Etat. Le Président Macron s'est montré aussi intransigeant que son ministre de l'Education concernant l'interdiction du port de l'Abaya et des qamis dans les établissements. Le gouvernement ne laissera rien passer sur l'Abaya et le qamis, a déclaré le président français, à la veille de la rentrée scolaire. Une note de service a été envoyée aux chefs d'établissement, précisant que «toute la chaîne hiérarchique du ministère pourra être mobilisée pour apporter le soutien nécessaire aux équipes des écoles et des établissements» dans le cadre de l'application stricte de cette mesure d'interdiction de ces tenues vestimentaires considérées comme des signes religieux. C'est la mobilisation générale dans les établissements scolaires contre l'Abaya et le qamis. Vu de l'extérieur, ce branle-bas de combat peut paraître intempestif, mais en France il est hautement politique. Bien sûr, il s'agit de protéger le caractère laïc de l'éducation, somme toute fondée sur une perception souveraine de l'école, mais pour en faire un dossier lourd de la rentrée scolaire, cela dépasse un peu les limites de la fermeté pour prendre les formes d'une islamophobie qui traduit un échec de «l'Islam de France».L'année dernière, en pareille période précédant la rentrée scolaire, le discours avait presque le même ton. Des notes de service ont alerté, en septembre 2022, les responsables sur les messages véhiculés sur les réseaux sociaux, poussant les élèves à s'opposer au règlement lié à la laïcité à l'école en portant l'Abaya, qui a été effectivement adoptée en tant que tenue vestimentaire pour contourner l'interdiction du port du voile. Une année plus tard, en 2023, les autorités reviennent à la charge pour interdire l'Abaya et le qamis. Et les messages sur les réseaux sociaux reprennent de plus belle pour inciter les élèves et leurs parents à contourner cette interdiction, à travers le port de robes des femmes enceintes pour cacher les formes et aller jusqu'au dépôt de plaintes contre les chefs d'établissements scolaires pour discrimination. A chaque mesure sa contre-mesure ' De sorte que, cette histoire domine, en long et en large, une rentrée scolaire où la joie de retrouver les bancs des classes sera gâchée par cette tension autour des effets vestimentaires. Est-ce qu'on ne cherche pas à cacher les véritables problèmes de l'éducation ' Des syndicalistes français l'affirment, le gouvernement devrait plutôt se soucier des réelles préoccupations dans le secteur, dont le manque d'enseignants et d'autres questions socioprofessionnelles. On peut mettre en ?uvre toutes les décisions nécessaires pour protéger la laïcité dans l'école, mais s'attaquer brutalement et sans répit à la tenue vestimentaire des musulmans et des musulmanes, cela fait le jeu de certains partis politiques qui ne cachent pas leur islamophobie, à laquelle les Français eux-mêmes de confession musulmane n'échappent pas. Mais, depuis le temps qu'on tente de supprimer ces signes religieux de l'espace public, on aurait dû apprendre la leçon qui dit que plus le harcèlement contre la religion est pesant plus forte sera la résistance.


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