Algérie

Ottawa fait dans la surenchère sur le dossier syrien



Invoquant «l'aide militaire croissante» fournie par Téhéran au régime syrien, le Canada a procédé à la fermeture de son ambassade en Iran et à l'expulsion des diplomates de ce pays en poste sur son territoire. Pour être conséquentes, les autorités canadiennes auraient dû agir de même à l'égard de la Russie et de la Chine qui font de même en faveur du régime de Damas et dont le soutien à celui-ci est autrement plus déterminant pour la survie. Pour qu'il ne soit pas de parallèle entre sa position d'intransigeance à l'égard de l'Iran et celle qui l'est beaucoup moins vis-à-vis de Moscou et Pékin, le gouvernement canadien a étoffé la liste de ses griefs à l'encontre de Téhéran en incluant celui de «son refus de se conformer aux résolutions des Nations unies concernant son programme nucléaire» et celui arme massive «des menaces proférées par le régime iranien contre l'existence de l'Etat d'Israël et ses propos antisémites racistes en plus d'inciter au génocide».
En fait par sa décision, Ottawa a agi en conformité avec la stratégie occidentale visant à l'isolement international de l'Iran devant convaincre l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe Lakhdar Brahimi à renoncer à considérer ce pays comme faisant partie des Etats avec qui négocier un plan de paix pour la crise syrienne. Bien entendu, elle est destinée concomitamment à préparer le terrain à l'intervention militaire israélienne ou occidentale qui se dessine contre des sites iraniens abritant la technologie du programme nucléaire du pays. Le Canada s'en est pris aisément et de façon abrupte à l'Iran parce que n'ayant pas d'intérêts considérables à préserver dans ce pays.
Appliquer le même traitement à la Russie et à la Chine, «coupables» pourtant d'avoir la même position que lui sur la crise syrienne, c'est une audace que ni Ottawa, ni Paris, ni Londres ou Washington n'envisagent car les Etats concernés ont des répondants dissuasifs à tous points de vue. La mesure anti-iranienne des Canadiens n'a qu'une incidence anecdotique au vu du poids diplomatique insignifiant d'Ottawa, mais elle est significative de la politique occidentale des deux poids deux mesures et de son hypocrisie quant aux principes censés être à sa base. Pour cette politique, il existe des pays sur qui toutes les pressions et sanctions, voire contre qui pratiquer l'intervention militaire, relèvent de l'application du «droit international» tel que défini à leur intention par les puissances qui l'ont conceptualisé. Il en est d'autres par contre qu'elle exclut du champ de rigueur et d'agressivité qui est le sien concernant les premiers cités.
Pour en rester au cas iranien, ce n'est pas Téhéran qui met en échec les Occidentaux dans la crise syrienne, mais Moscou et Pékin qui en cette affaire démontrent à l'Amérique et aux autres Occidentaux que le temps est révolu où les crises internationales se géraient et se réglaient par les seules solutions conformes à leurs intérêts géostratégiques et à la pérennité de l'hégémonie qu'ils ont exercée sur la conduite des affaires de la planète.


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