Othmane et Chaâbane

Dématérialisés, les Algériens ne voient plus leur Président qu'à travers un écran vidéo qui, lui-même, ne voit les Algériens qu'à travers la télévision, ou peut-être par les centaines de caméras de surveillance de la DGSN déployées sur le territoire. Un peu comme un aquarium, mais sans que l'on sache qui est dans ce cas le poisson, celui qui est dedans ou celui qui est dehors.En tous cas, c'est un autre prédateur des eaux profondes qui est venu à Alger voir le Président, en la personne d'Erdogan. Par ses alliances douteuses avec les islamistes psychopathes de l'EI, l'Arabie Saoudite, voire Israël, la Sublime porte est devenue de fait, en quelques décennies, un parking pour l'hégémonie US dans la région.Mais elle reste une puissance économique et, si elle ne peut plus prétendre donner des conseils aux différentes puissances de la région, elle peut s'octroyer quelques contrats économiques et, comme c'est la mode quand on vient à Alger, proposer un traité de libre-échange étant donné que l'Algérie n'exporte que des hydrocarbures et achète tout ce qui se vend sur le marché international.Bref, ex-vassal de la Turquie, c'est surtout cette étrange tournure diplomatique qui interpelle : le président algérien se soigne en France et reçoit en rentrant le président turc, parce qu'il ne peut pas aller en Turquie. Le président algérien se soigne donc chez l'ex-colonisateur, qui facture sérieusement ses prestations et, sitôt rentré, reçoit un autre ex-colonisateur, grande puissance économique, pour lui offrir des contrats juteux.L'Algérie a de l'argent, mais est-elle vraiment décolonisée ' Un jour peut-être, le président français se soignera en Algérie et c'est le président algérien qui ira en Turquie chercher des contrats pour faire tourner son économie et défendre ses intérêts en dehors d'El Mouradia et de Zéralda. Un jour, un 5 juillet. Quand elle aura de l'ambition et sera debout.