Algérie

Otan-Russie : Vers l'affrontement ?



Réunie lundi et mardi en Géorgie sous la présidence de son SG, l'Otan a, sur les questions abkhaze et ossète, monté le ton face à Moscou. Une véritable déclaration de guerre !

En décidant, lundi 15 septembre à Tbilissi, d'intégrer au plus vite à l'Alliance atlantique la Géorgie avec les provinces d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie, l'Otan vient de déclarer «la guerre» à la Russie. Pourquoi ? Parce que, d'une part, l'Abkhazie comme l'Ossétie du Sud ont déclaré leurs indépendances que Moscou a immédiatement reconnues et a procédé déjà à des échanges d'ambassadeurs, et que, d'autre part, l'Otan, réunie ce lundi à Tbilissi, a considéré que les deux provinces séparatistes font partie intégrante du territoire géorgien, et lui a apporté son soutien ferme pour les récupérer.

Dans ce cas, dès son intégration à l'Alliance, la Géorgie fera jouer l'article 5 de la Charte de l'Otan, article qui stipule en substance que «toute agression contre un membre de l'Alliance est considérée comme une agression contre l'ensemble de ses membres et appelle à une riposte».

Les deux communiqués communs qui ont sanctionné la réunion de l'Otan tenue en Géorgie lundi (et mardi) ne prêtent à aucune équivoque. Dans le Document officiel sanctionnant le lancement de la Commission Otan—Géorgie (COG), il est affirmé dans le point 2 (sept articles composent le Document cadre) que «Les ambassadeurs des pays de l'Otan ont réitéré leur soutien à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de la Géorgie et ils ont réaffirmé la déclaration faite le 27 août par le Conseil de l'Atlantique Nord, qui condamne la décision de la Fédération de Russie de reconnaître l'indépendance des régions d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie». Au point 4, le document fait sienne la sentence du Premier ministre géorgien, Lado Gouguenidze, en ces termes: «Le Parlement géorgien a déclaré, le 28 août, qu'il considérait les forces armées russes déployées sur le territoire géorgien comme des unités militaires occupantes, et les régions géorgiennes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud comme territoire occupé par la Russie». Suivent d'autres rappels de principe irrévocables, dont celui au point 6 qui énonce que: «Les ambassadeurs des pays de l'Otan ont rappelé la déclaration du Sommet de Bucarest - avril 2008 - dans laquelle les chefs d'Etat et de gouvernement des pays alliés... ont décidé que la Géorgie deviendra membre de l'Otan». En termes clairs, cela veut dire que l'Otan considère que les deux régions séparatistes font partie intégrante du territoire de la Géorgie, qu'elle accueillera bientôt en son sein.

Que fera la Russie ? Se désavouera-t-elle en abandonnant les deux provinces qu'elle a reconnues comme indépendantes ? Rien n'est moins sûr. Ainsi, la surenchère politique et militaire entre la Russie et l'Otan dans la nouvelle configuration géostratégique dans le Caucase (et ailleurs) n'exclut pas un affrontement violent. Face à l'échec de la diplomatie, l'affrontement militaire devient l'argument décisif pour trancher, définitivement, dans le conflit. «La guerre n'est que la continuation de la diplomatie par d'autres moyens», disait un célèbre homme politique du 19ème siècle.

Par ailleurs, la même intransigeance sur l'intégrité territoriale de la Géorgie apparaît dans le Document cadre portant création de la COR: «Les ambassadeurs réaffirment le soutien des pays membres de l'Alliance à l'indépendance, la souveraineté et l'intégrité territoriale pleines et entières de la Géorgie reconnues par le droit international et les résolutions du Conseil de sécurité de l'Onu». A ce niveau, apparaissent deux obstacles politique et juridique qui vont mettre aux prises Russes et Occidentaux. Le premier tient au fait que la Charte de l'Otan l'oblige à se soumettre à un mandat du Conseil de sécurité de l'Onu pour toute intervention dans le monde. Et il se trouve que la Russie est membre de ce Conseil de sécurité et dispose du droit de veto. Le deuxième tient à l'Accord obtenu le 8 septembre par l'Union européenne à Moscou et qui donne le droit à la Russie de maintenir ses troupes en Abkhazie et en Ossétie du Sud.

Dans ce cadre, il y a de quoi s'interroger sur la déclaration du SG de l'Otan, le Néerlandais Jaap de Hoop Scheffer, qui a dénoncé cet accord. «C'est inacceptable !», avait-il crié, tout en estimant que l'Accord du 8 septembre était contraire à celui du 12 août qui prévoyait, selon lui, le retour des forces russes aux positions d'avant le conflit du 8 août.

Dans cette «cacophonie» diplomatique et juridique, l'impasse politique est totale entre les belligérants. Comme pour signifier que la seule issue possible demeure la guerre.




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