Algérie

OTAN: L'enjeu afghan, la Russie et les incertitudes



L'Afghanistan, l'adhésion de la Géorgie et de l'Ukraine à l'Otan, le bouclier antimissile... un air de déjà vécu et éprouvé lors de la réunion des ministres des AE de l'Alliance transatlantique.

« Le processus politique en Afghanistan n'a pas répondu à nos attentes, ni à celles du peuple afghan... Il ne fait aucun doute que 2009 a été une année difficile», a reconnu le SG de l'Otan, Andersen Rasmussen, vendredi matin lors de l'ouverture de la deuxième journée de travail des ministres des Affaires étrangères de l'Organisation transatlantique. Et d'annoncer que l'Alliance va lancer une nouvelle approche et une nouvelle stratégie pour pacifier l'Afghanistan. «En 2010 nous aurons beaucoup plus de forces - effectifs militaires - sur le terrain et c'est par millions que l'aide - financière - au développement va augmenter», a-t-il ajouter. Au vu de ce constat et de ces annonces, il y a de quoi s'interroger sur ce qu'il y a de «nouveau» dans l'approche de la question afghane. Effectifs militaires et argent sont les deux piliers de l'intervention de l'Otan en Afghanistan depuis août 2003, date où l'ensemble des forces armées, y compris la FIAS, sont passées sous son Commandement général. Mais peut-on en vouloir à une organisation comme l'Otan de penser autrement qu'en termes militaires, même si ce sont des ministres (civils) des Affaires étrangères qui ont inspiré la déclaration du SG de l'Organisation. On apprend que l'Otan vise à porter à 180.000 hommes les effectifs des forces armées et de sécurité afghanes à la fin 2010. Quant à la stratégie politique globale l'Otan se dit «appuyer les idées maîtresses de l'évaluation que le général Mc Chrystal a faite en août» (point 6 de la déclaration). Et de reconnaître au point qui suit que «les forces militaires ne suffisent pas à garantir le succès. Que la sécurité, la gouvernance et le développement vont de pair dans une approche globale sous la direction de la Mission d'assistance de l'Onu (MANUA). Jusque là rien de nouveau encore, et tous les enjeux de la question afghane apparaissent plus clairement dans le document de la déclaration finale, diffusée vendredi à 16h00, et cela pour deux raisons principales. Parce qu'elle reprend les différentes réunion - séparées - avec les partenaires comme la Russie, l'Ukraine et la Georgie d'abord ; et parce qu'elle fait, directement, référence aux enjeux géostratégiques poursuivis par l'Alliance face à la Russie ensuite. Sans prendre de gants, la déclaration officielle des ministres des AE affirme au point 10 que «La Géorgie et l'Ukraine deviendront membres de l'Otan et que cet engagement est ferme». Voilà qui est dit aux Russes avec en sus cette remarque au point 13 : «les relations Otan-Russie dépendent de la confiance et du respect des engagements... nous continuerons de faire preuve de transparence au sujet de nos entraînements et exercices militaires et nous attendons de la Russie qu'elle fasse de même». Suivent d'autres références à la question de la prolifération des armes nucléaires (missiles balistiques) et à la sécurité des pays occidentaux, avant de se «soumettre» à la doctrine américaine dans ce domaine : «nous saluons la nouvelle approche adoptive graduelle de la défense antimissile des USA qui renforce le rôle central de l'Otan dans la défense antimissile de l'Europe». Pourtant, le président américain a bien déclaré le gel du projet du bouclier antimissile en Europe (en Pologne et en Tchéquie) que son prédécesseur voulait à tout prix. Barack Obama, lui, préfère une coopération avec les Russes et Européens réunis. Il n'est pas impossible que la déclaration finale reflète la pression des lobbies américains de l'industrie militaire et les souhaits des pays ex-pays satellites de l'ex-URSS de brouiller la nouvelle détente politique ouverte par le président américain. Sinon, comment expliquer ce retour à peine déguisé aux plans de la précédente administration américaine ? Il est possible aussi que l'Otan mette la pression sur le projet antimissile pour que la Russie lâche du lest sur l'imminence de l'entrée de l'Ukraine et de la George dans l'Alliance. Nous saurons si ces «luttes» entre les alliés de l'Otan et la Russie pour une reconfiguration de la carte politique en Asie mineure (Caucase, Afghanistan, Iran) se durciront ou se détendront lors du prochain Sommet de l'Otan prévu à Lisbonne (Portugal). C'est ce qu'ont précisé, dans leur communiqué final, les ministres des AE réunis à Bruxelles.




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