La première
réunion des ministres des affaires étrangères de l'Otan sous l'ère de Barack
Obama, tenue jeudi à Bruxelles, marque un vrai tournant dans la gestion des
affaires du monde et ouvre un dialogue franc avec la Russie. Il s'agit de
rattraper toutes les catastrophes provoquées par l'ignorance et l'aveuglement de
son prédécesseur George W Bush.
Réunis jeudi au
siège de l'Otan à Bruxelles, les ministres des Affaires étrangères de
l'Alliance nord atlantique ont décidé de reprendre leurs relations avec la
Russie interrompues en août 2008, lors de la guerre en Géorgie. Le Conseil Otan
- Russie (COR) sera réactivé dans les prochaines semaines pour se pencher sur
les urgences stratégiques et sécuritaires communes aux deux partenaires. Ainsi,
la réunion de jeudi marque la rupture avec la conception de la coopération Otan
- Russie menée sous l'ère de Georges Bush durant les huit dernières années.
Car, l'Otan c'est d'abord les USA. Bien sûr, il n'y aura pas accord sur tout,
mais l'essentiel est de maintenir le débat et le dialogue sur les questions
d'équilibre stratégique et celles relatives aux «menaces» du nouveau siècle. La
secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton n'a pas eu trop à se dépenser pour
faire admettre aux 25 autres membres de l'Otan ce retour au dialogue avec les
russes, tant ces derniers sont dans leur quasi majorité liés économiquement au
voisin russe. Après cette «mise au point» sur le retour à la coopération Otan —
Russie, quels ont été les principaux sujets discutés hier à Bruxelles ? Sur la
question géorgienne, l'Otan demeure sur sa position de soutien à la Géorgie
dans ses revendications des provinces d'Abkhazie et d'Ossétie du sud dont les
indépendances prononcées unilatéralement ont été reconnues par la Russie au
lendemain de la guerre d'Août 2008. Ce qui ne pose aucun problème aux Russes
qui, de leur côté, ne reconnaissent pas l'indépendance unilatérale du Kossovo
soutenu par l'Otan. S'il faut dialoguer, il faut le faire sur les deux cas. Un
moyen comme un autre pour maintenir le contact et la coopération sur les autres
sujets d'intérêt commun. Et celui de l'Afghanistan n'est pas des moindres.
Etranglés par l'état de subversion et de guérilla permanent des talibans en
Afghanistan, les USA ont un besoin urgent de l'aide des Russes qui peuvent
entrainer dans leur sillage celle de l'Iran. C'est dans cet ordre d'idée que la
secrétaire américaine Hillary Clinton a, sur le même sujet annoncé la tenue, le
31 mars prochain, d'une conférence de haut niveau sur l'Afghanistan et le
Pakistan. Les Américains ont confirmé l'envoi d'un contingent militaire
supplémentaire de 17.000 hommes mais cela ne suffira pas. De plus, certains
pays contributeurs de la Force internationale en Afghanistan sous commandement
de l'Otan (FIAS) éprouvent des difficultés budgétaires pour le maintien de leur
participation. C'est le cas de la Pologne, par exemple, qui souhaite rappeler
ses troupes. Aussi l'aide des Russes sur ce dossier est capitale, d'autant plus
qu'ils ont fait des gestes dans ce sens. La Russie a permis, depuis la fin
février le passage des moyens logistiques militaires américains par son
territoire vers l'Afghanistan. L'autre sujet soulevé à Bruxelles et révélateur
à la fois du changement de stratégie de l'Otan dans la gestion des crises
internationales et du leadership américain au sein de l'Alliance, est celui
relatif au projet du bouclier antimissile en Europe. Projet piloté et
concernant les seuls Américains sous l'ère Bush, il implique leurs alliés
européens de l'Alliance et les met en difficulté avec les Russes sur d'autres
domaines de coopération, tel celui de l'énergie par exemple. Le deal proposé
par le président Barack Obama à la Russie de Medvedev est le gel du projet
contre leur médiation envers l'Iran pour qu'il abandonne l'option militaire
«supposée» de son programme nucléaire. La Russie pourrait se saisir d'une telle
offre pour négocier la suspension du projet d'adhésion de l'Ukraine et de la
Géorgie à l'Otan. Ironie de l'histoire, les intérêts stratégiques américains et
russes se croisent aujourd'hui dans des espaces géographiques communs : l'Asie
mineure. Cette nouvelle donne ne déplait pas aux alliés européens de l'Otan. Un
apaisement des relations Russie — USA leur permettra de conclure plus
facilement un accord stratégique avec la Russie pour les dix ans à venir,
notamment dans le domaine de la sécurité énergétique. Car, rappelons que le
premier accord Union européenne — Russie pour dix ans et arrivé à échéance en
décembre 2007 n'a pu être renouvelé en raison de tous ces sujets de discordance
(Géorgie, Ukraine, bouclier antimissile, Iran) entre la Russie et les USA sous
la houlette de Georges Bush. Faut-il pour autant croire que les partenariats
Otan — Russie et Union européenne- Russie seront à l'abri de crise et
d'affrontements géostratégiques ? Certainement pas, mais ils seront moins
générateurs de violence et de conflits armés tant que le dialogue et la
coopération sont maintenus. Pour l'heure, Américains, Russes et Européens ont
décidé, entre autre à Bruxelles, d'unir leurs efforts pour la lutte contre le
terrorisme international, le piratage dans le golf d'Aden, la sécurisation des
routes de l'énergie. Tant mieux pour le reste du monde.
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Posté Le : 07/03/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Notre Bureau De Bruxelles M'hammedi Bouzina Med
Source : www.lequotidien-oran.com