Algérie

Otages
Habituellement calme dès 8h, la rue a renoué avec l'ambiance des vacances et les piaillements des enfants. Renvoyés de l'école en raison de la grève des enseignants, les élèves se sont réapproprié la rue. Juste le temps de déposer leurs lourds cartables à la maison, ils réinvestissent les quartiers pour meubler leur temps en cette période de protestations dans le secteur névralgique de l'Education. C'est l'image qu'offrent nos rues depuis lundi dernier, premier jour de la grève au moment où les syndicats et le département de Benbouzid se livrent à la guerre des chiffres concernant le taux de suivi de cette grève. 90% contre 30%. Le premier chiffre émane, évidemment, des initiateurs du mouvement alors que le deuxième est donné par la tutelle, qui juge la grève «injustifiée» et qui tente, comme à chaque fois qu'un tel mouvement est déclenché, de minimiser son importance sur le terrain. Or, la protesta est bien là. Une protesta à travers laquelle les grévistes dénoncent le traitement accordé à leurs revendications par la tutelle. Les syndicats parlent en effet de faux-fuyants, de promesses non tenues et de gestion calamiteuse des problèmes posés, qu'ils soient d'ordre socioprofessionnel ou pédagogique. Si sur le caractère des revendications, la légitimité y est, il y a à dire et à redire sur la manière dont est lancée cette grève. Initiée, malheureusement, sans concertation avec la base au préalable, les syndicalistes, après la sortie de Benbouzid annonçant une augmentation de l'indemnité de qualification des fonctionnaires du secteur et l'octroi de nouvelles indemnités, ont jugé utile de consulter la base pour décider du gel de la grève. Pourquoi ne pas l'avoir fait avant, même si c'est une simple formalité ' Et pourtant, cette reprise est fortement attendue par les parents qui n'ont pas manqué d'afficher leur inquiétude face à cette crise qui n'en finit pas. D'un côté, on dénonce l'absence de dialogue avec la tutelle mais on tombe dans le même piège puisqu'on a écarté la base lors de la prise de décision (de faire grève). Il est vrai qu'on ne peut pas nier que les revendications des enseignants sont satisfaites au compte-goutte et avec un certain mépris, mais n'oublions de rappeler cette facilité à recourir à la grève de la part des syndicats. Les enseignants et autres corps de l'Education, soucieux d'améliorer leur pouvoir d'achat comme tout fonctionnaire algérien qui fait face quotidiennement à la cherté de la vie, se retrouvent dans une situation difficile. Entre la pression des syndicalistes, celle de la tutelle et enfin celle de la société, dur de s'en sortir. L'image donnée par le département de Benbouzid sur les salaires des enseignants les a mis au centre des critiques des parents. Et ce, même si la réalité est différente. Qui sont les perdants de cette guerre déclarée entre syndicats et ministère ' Ce sont évidemment les élèves qui restent otages d'un tel conflit. Ils devront encore une fois, comme les années précédentes, subir les séances de rattrapage. Des séances qui s'annoncent expéditives. L'école est malade, elle l'est surtout à cause de la gestion réservée à un secteur censé former l'élite de demain.
S. I.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)