Osciller avec les intérêts

Double langage ou double lecture ' Où en sont les pays occidentaux, ou plutôt les Etats occidentaux par rapport à Al-Qaïda ' Ils n'ont pas condamné le fait qu'Al-Qaïda ait participé «dans le bon camp» à la chute du régime de Kadhafi et à l'entrée par les armes dans la capitale libyenne d'un commandant d'Al-Qaïda à la tête de ses hommes.
Ils incriminent celle-ci quand elle se dresse comme un obstacle devant la réalisation de leurs projets. Veulent-ils faire accréditer la thèse qu'ils sont des anti-islamistes en réponse à ceux qui soutiennent que les islamistes sont des anti-occidentaux ' Ils l'étaient quand les régimes en place dans les pays arabes donnaient l'assurance que les islamistes ne passeront pas. Or, aujourd'hui, les islamistes s'avèrent incontournables. Les Occidentaux estiment maintenant qu'il n'est plus rentable de travailler avec les anciens régimes. Déjà, à l'avènement de la révolution verte iranienne, les Allemands refusaient de renoncer à la coopération économique avec les Iraniens. D'après eux, il fallait pratiquer une coopération responsable avec les Iraniens. Anti-islamistes et profondément démocrates et laïcs ' Les puissances occidentales se sont acharnées surtout sur les pays laïcs pour leur substituer les mouvements islamistes. Comment, en conséquence, accorder beaucoup de place à la crédibilité des pays occidentaux quand ils sont capables de dire demain avec forte conviction le contraire de ce qu'ils disent aujourd'hui ' Pour compliquer davantage le problème, ils produisent une vision simpliste de la situation en Syrie. Les Occidentaux (les politiques bien sûr) se précipitaient à qualifier de «printemps libanais» les manifestations populaires au lendemain de l'assassinat de Rafik Hariri, en février de l'année 2004. La notion de «printemps» était déjà prête comme traduction d'un programme qui prit le nom, huit années plus tard, de «printemps arabe».