Avant d’aborder le problème de l’écriture du corse et des
réflexions qu’on peut en tirer sur le plan général des rapports existant
entre un système scriptural et l’auto-définition linguistique d’un
groupe donné il est nécessaire d’éclairer le phénomène d’émergence
du corse comme langue identifiée sur critères sociolinguistiques.
Comme l’a dit Marcel COHEN à propos du français, on n’a pas
toujours, en Corse, parlé corse. D’abord, parce que, contrairement au
berbère en Afrique du nord, dont on sait qu’il était “toujours déjà là”
au début de l’histoire, l’ancêtre du corse, le latin, (si tant est qu’on ne
lui donne pas un ancêtre plus récent, le toscan, base de l’italien) ne
peut pas avoir été introduit en corse avant la mainmise de Rome sur
cette île, durant le IIIe siècle avant notre ère.
Il est peu probable que les conquérants antérieurs, Etrusques,
Grecs, Carthaginois aient imposé leur langue. On ne sait donc rien de
ce que parlaient les populations de l’île, “ Mégalithiques ”, puis
“Torréens”. En plus on ne sait pas si la romanisation progressive,
certainement avancée dans les derniers siècles de l’Empire Romain, a
subsisté après les invasions vandale, byzantine et surtout sarrasine. Si
bien qu’on peut opter pour l’idée que la romanisation a subsisté
pendant cette période même si par la suite, lors de la domination
pisane, elle a été renforcée par un superstrat toscan, surtout dans le
nord de l’Ile ; ou au contraire que c’est la domination pisane qui a
romanisé une seconde fois une île où la latinité ne subsistait plus que
très partiellement. Nous n’avons pas les moyens de trancher sur ces
problèmes de bouteille à moitié vide ou à moitié pleine.
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Posté Le : 18/03/2024
Posté par : einstein
Ecrit par : - Marcellesi Christiane - Marcellesi Jean-baptiste
Source : Iles d Imesli Volume 2, Numéro 1, Pages 219-227 2010-12-31