Algérie

Origines des premiers habitants de Pont de l'isser



Avant propos

Je n'ai nullement la prétention d'écrire l'histoire du Maghreb ni de vous relater tous les événements aussi tragiques que dramatiques qu'a connu l' Algérie . Mon désir est tout simplement d'informer le lecteur sur certains faits marquants qu'a vécu notre pays . Bien qu'oubliée des historiens , notre région portera à jamais l'emprunte de " lieu de passage obligé " entre l'est et l'ouest .

De ce poste de légionnaires romains nommé Tibidae , à cette grande cité que fut Pont de l'isser , en passant par Bensekrane , notre village a subi bien des mutations historiques , religieuses et culturelles . Voici , quelques témoignages de notre passé .

A Kada Belghitri



1. Les mechtas

Bien longtemps avant notre ère , des hommes ont vécu sur le plateau de « bled kerkour »; ces peuples vivaient dans des grottes . Du type « mechtas » , qui malgré leur pauvreté ont su survivre aux temps néolithiques et paraissaient même en période historique.

Ces vieux maghrébins , bien que fortement musclés mouraient jeunes. Chasseurs et pécheurs , ils disposaient d’outillage et d’armes peu variés faits de lamelles de silex .

Tels furent les premiers habitants de notre région.



2. Les capsiens

Les mechtas n’abandonnaient leurs grottes que pour aller chercher leur subsistance et vécurent à l’état sauvage jusqu’au moment où d’autres hommes leur apportèrent le progrès.

Venant de l’est , ces hommes méditerranéens , êtres supérieurs, se nommaient « les capsiens ». Ils présentaient par rapport aux mechtas une humanité plus évoluée et plus affinée .On imagine l’interférence entre les deux civilisations mais peu à peu les hommes de mechtas ont été submergés par les nouveaux venus. L’essentiel est ensuite constitué de descendants des capsiens que d’aucuns désignent sous le nom de « protoberbères » .

Après l’invasion des capsiens , un autre contact a été éclatant , celui des hommes du Maghreb avec une humanité « négroïde » , saharienne sans doute.

Ainsi le peuplement de la région est devenu complexe avant la fin des temps préhistoriques.

Hommes du type mechtas, capsiens , influence négroïde , tels sont les composants d’un bloc de plus en plus disparate où mille influences se succèderont aux cours des siècles. Le Maghreb était encore à l’état préhistorique au temps de la splendeur de Ramsès II . C’est un monde néolithique que durent découvrir les premiers navigateurs « phéniciens », mais depuis il reçut bien des civilisations qui ont fait disparaître les bases préhistoriques et son peuplement.



3. Les berbères primitifs

Les descendants des capsiens et des mechtas n’avaient pas dépassé le stade d’une civilisation rudimentaire. Ils formaient un groupe de quelques familles sans organisation, subvenant difficilement à leurs besoins. Ils pratiquaient l’élevage de moutons et la culture de quelques ares. Quelques tentes et cabanes en végétaux formaient leurs premières cités après les grottes.

Ces habitants se nommaient « les berbères », nom donné par les romains ,du terme« barbari » à tout ceux n’étaient ni latins ni grecs .

Les plus anciennes peuplades fabriquaient leurs armes et leurs outils avec des pierres taillées : il a été retrouvé des « coup de poing » à la station d’Ouzidan , sur la rive droite de la Sikkak , et celle du lac Karar , au sud est de Remchi .

Les premières données historiques datent de la fin du 3ème siècle avant JC : l’Afrique du nord ou « berbérie » comprenait trois peuples bien distincts , constitués en royaumes indépendants :

- La Maurétanie (actuel Maroc) ,
- La Numidie (Algérie et centre Tunisien)
- La Libye.

La Numidie se subdivisait en Massylie et en Massessylie. La Massessylie partait de la moulouïa( fleuve marocain ) et s’étendait jusqu’au delà de la Kabylie : elle avait pour capitale la ville de Sica (aujourd’hui Takembrit) , sur la rive gauche et à quatre kilomètres de l’embouchure de la Tafna ; le port était "portus Sigensis" (Honnaîne) , ouvert sur la baie de l’île de Rachgoun.

Les massessyliens ( anciens Maghraouas , des géographes grecs ) étaient groupés par tribus et s’adonnaient à l’agriculture et à l’élevage. Les tribus étaient mêlées aux luttes entre Rome et Carthage

La chute de Carthage , en l’an 146 av JC , marque le début de la période des rois numides vassaux de Rome , vassalité plutôt nominale et que la population n’acceptaient pas .

Jugurtha organise la résistance , il est maître de toute la Numidie , mais trahi par son allié Bokkus , roi des maures ; il tombe en 104, et va mourir dans un cachot .

Dès la seconde moitié du premier siècle av JC toute l’Afrique indigène est soumise et devient Maurétanie : les princes berbères ayant Cesarée ( Cherchell) pour capitale, gouvernent pour le compte des romains avec le titre de vice rois.

C’est l’ère de la paix durant laquelle les peuplades adoptent peu à peu l’agriculture.

Les indigènes d’Afrique avaient aussi d’autres noms tels que : Numides, Maures, Libyens ou Genules.



4. Les phéniciens

200 ans av. JC , les phéniciens arrivèrent dans notre région. Ils vécurent à l’embouchure de la Tafna . Entre les phéniciens autrement désignés Carthaginois ou Puniques et les Berbères , les échanges commerciaux devinrent actifs et variés . L’apport des Carthaginois ne se limitait aux marchandises mais aussi à l’enseignement de la langue punique plus évoluée que le dialecte Libyque . La religion punique pénétrait dans la religion Libyque et une fusion s’opérait entre le bélier divin des berbères identifié à l’Amon d’Egypte et Baal hamon dieu passé de la plénière en Afrique par les phéniciens. . Ils construisirent ensemble « le temple de la grande déesse Coélistis » ou puniques et berbères s’y rendaient volontiers. Ce fut la seule grande œuvre construite, les phéniciens étaient plus occupés aux commerce.

Mais d’autres conquérants , "les Romains" les obligèrent à quitter le pays . Seuls les berbères , et quelques familles phéniciennes attendirent craintivement d’abord et paisiblement ensuite les première légions Romaines.



5. Les romains dans notre région

Les traces de cette longue occupation sont marquées sur le territoire de la commune de Pont de l’isser :

Une voie reliait Altava ( Lamoricière) à Safar (Ain Temouchent) par la station des eaux chaudes de Sidi Abdelly.

La route de Safar à Pomaria (Tlemcen) passait par Bridj , les bains thermaux de Sidi Abdelly , Ksar Bou Hannoun et Boudjerrar , points sur lesquels existaient encore des traces d’établissements romains.

En 1886 un miliaire a été découvert sur le plateau de Lamiguier , entre l’oued Amieur et l’Isser , à endroit appelé Tendelouset .Quelques pierres parmi lesquelles une borne miliaire dont le chiffre de distance seul a été respecté , tout le reste a été enlevé au ciseau . On y lit MPXIV , ce qui fait 20 734 mètres et il y a du centre de Pomaria (Agadir) à ce point 19 000 mètres en ligne droite .

Il a été affirmé par la suite que cette borne jalonne non pas la voie de Safar à Pomaria comme avancé , mais bien celle d’Altava à Safar , donnant comme preuve l’importance d’Altava et l’exacte distance du point où le miliaire a été trouvé avec Altava.

Un poste de légionnaires (nommé Tibidaé ) était installé au kef Saredj , entre Tiloua et l’isser sur la voie d’Altava à Safar :Les traces de ce fortin étaient encore visibles au début du 20ème siècle : des amas de pierres recouvraient l’emplacement de la citadelle : le mur d’enceinte de la cour du camp , démoli jusqu’au ras du sol , se situait à cinq cents mètres environ au nord des bains thermaux.

Les ruines de Tibidaé existaient encore en 1500 de notre ère. Il est attribué aux colons romains les plantations d’oliviers , existants sur les coteaux de Berkich

Les carrières d’onyx d’Errokham furent exploitées dés les temps anciens. Les romains employaient ce marbre dans la construction des édifices sous forme de colonnes et de chapiteaux ; ils en confectionnaient des objets d’art , urnes , vases etc…Ces carrières ont fourni les dalles de la grande salle des thermes de Caesarea ( Cherchell) ainsi que "la diane chasseresse" conservée au musée de cette ville. Enfin, il existe au musée du Louvre une inscription détachée d’un bloc compact de la roche , dont les caractères n’ont encore pu être déchiffrés par les épigraphistes et les paléographes les plus compétents.

Les romains faisaient descendre jusqu’à Portus Sigensis (Honnaine), c’est à dire jusqu’à la mer , le marbre qu’ils extrayaient et qu’ils embarquaient pour être expédié vers d'autres contrées .




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