Dans pratiquement toutes les villes et campagnes algériennes, la «rue des Siyyaghine» (rue des orfèvres) fait partie de l’environnement et représente un quartier particulier quant à ses boutiques, à ses artisans et à l’atmosphère qui y règne. Les boutiques se ressemblent et occupent toutes une petite surface. L’orfèvre y travaille assis au rythme des petits coups de marteau et des frottements de la lime. Pendant longtemps, malgré la valeur des objets qu’il produisait et la matière qu’il utilisait, l’orfèvre avait recours à une installation sommaire composée d’un foyer formé de plusieurs pierres superposées et d’un creuset en terre réfractaire pour faire fondre l’or et l’argent. En guise de moule, un os de seiche permettait de couler les bijoux d’une seule pièce. L’orfèvre disposait d’une gamme restreinte d’outils : le marteau qui, manié habilement, produisait des merveilles, et l’enclume. C’est entre le marteau et l’enclume que se créait le bijou. Le stylet pour tracer les motifs, le foret pour percer, les tenailles, la lime et le ciselet finissaient l’ouvrage sous la conduite patiente et précise de l’orfèvre. Les objets usuels que l’on retrouvait dans les maisons étaient l’expression même du raffinement dans la société citadine, alors que les ustensiles prenaient des allures de parures de luxe qui décoraient les demeures tout en ravissant l’invité auquel on exhibait les plus belles cafetières ou théières, les plus belles coupes et les plus beaux plateaux. La maison, elle, exhalait les meilleures senteurs d’encens qui brûlaient dans des encensoirs ou brûleparfums ajourés pour donner à voir un métal ciselé par les mains habiles d’artisans chevronnés.
Posté Le : 13/02/2022
Posté par : patrimoinealgerie
Source : poste.dz