Algérie

Oranitudes



La chaise vide Mercredi passé, au CRASC, dernier bastion de la recherche plurielle à Oran, hormis quelques autres laboratoires plus ou moins intimistes, devait avoir lieu une rencontre autour du roman à l’époque coloniale, animée par des enseignants chercheurs de l’Institut des Langues Etrangères (ILE) d’Oran. Quoiqu’on puisse être tenté de le penser, cette activité n’est pas aussi banale que ça, dans une université où, entre des cours plus ou moins assurés, un Ramadhan qui succède à de longues vacances qui, lui-même, est suivi par une commémoration, devenue par la force des choses quelconque, laquelle laisse la place à des vacances d’hiver, il ne se passe rien en matière d’événement scientifique ou culturel, périphérique. De plus, il y a de grandes chances que ce thème n’ait jamais fait l’objet d’une rencontre sur le campus universitaire oranais. Eh bien, pour la deuxième fois, cette manifestation a été annulée et reportée aux calendes grecques. Pour la simple raison que, mis à part, les communicants, l’assistance était absente. Pas âme qui vive, sauf une unique étudiante, à qui il faut donc rendre hommage, dans une semblable circonstance. Personne ne s’est déplacée pour animer et manifester un intérêt quelconque pour cet événement. Ni parmi les enseignants, ni parmi les étudiants. Une première fois, en juin dernier, le fiasco s’était produit dans l’enceinte même de l’institut. Par deux fois, les animateurs de la rencontre ont fait le pied de grue durant une heure, comme de pauvres vendeurs voués à la disette. Il y a donc un problème, au sein de l’intelligentsia locale (probablement ailleurs également) qui, depuis la nuit des temps, se plaint du système, de la bureaucratie, de la menace islamiste pendant la décennie noire et l’absence d’occasions culturelles pour se rencontrer, s’exprimer et construire des espaces de convivialité intellectuelle. Et lorsque de rares occasions se présentent, qui sortent de la routine ordinaire, les chaises sont désespérément vides, le silence de l’absence règne entre les murs. Pourtant, dans cette démission générale, certaines circonstances obligent à un effort d’obligation morale, sur soi-même. Comme c’est le cas pour cette rencontre liée à un cursus universitaire. Que le roman de l’époque coloniale -ou d’une autre époque d’ailleurs, c’est pareil- n’intéresse pas les chimistes ou les physiciens, passe. Mais le milieu de la littérature, c’est inconcevable. Et ce n’est pas l’unique circonstance, malheureusement. Régulièrement, le CCF (c’est le seul quasiment!) ramène des conférenciers de référence qui viennent donner des exposés-débats en matière de littérature, de philosophie, d’économie. C’est le même parterre d’habitués qui répond présent. Tout dernièrement, c’était le cas lors de la communication sur l’écrivain Jules Roy, donnée par Guy Dugas et José Lenzzini. Par extension, on peut élargir ce constat aux milieux artistiques, à l’occasion des vernissages, des spectacles de théâtre, ou de cinéma, par exemple. Exception faite, relativement, pour le mois de Ramadhan où il y a un afflux de public populaire et peu d’artistes s’y présentent. A quoi est due cette banalisation, cette désertion? C’est peut-être sur cette question qu’il faudrait organiser une grande rencontre. Brahim Hadj Slimane


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