Algérie

Oranitudes



Obstacles dissuasifs au Palais de la culture Comme le dit, à peu près, Mohamed Fellag, «chez les autres, lorsqu’on touche le fond, on remonte; chez nous, on creuse le fond». Jamais la gestion de la culture et de ses hommes n’a atteint le seuil de bureaucratisation qu’elle a franchie aujourd’hui. C’est une descente inexorable vers les paliers mortifères de l’omnipotence et du mépris. L’autre jour, on pénétrant dans le hall du Palais de la Culture, Place Kargentah, quelle surprise de se heurter à un comptoir d’accueil, installé depuis peu, et où on vous exige de déposer une pièce d’identité (une carte professionnelle ou un ordre de mission pour un journaliste), condition sine qua non pour pénétrer dans cette bâtisse où, des années durant, on a laborieusement cherché à y attirer un public lassé par la culture chorba, servie à coup de commémorations et de journées mondiales de ceci ou de cela. Nulle part ailleurs, on n’a vu pareille agression bureaucratique (car c’est le mot adéquat). A commencer par le Palais de la Culture d’Alger, mitoyen du Ministère de la Culture! Imaginez-vous pareille procédure au Centre Georges Pompidou de Paris ou une quelconque Maison de la Culture dans le monde. Mais pardon, nous ne sommes pas comme le reste du monde. Nous sommes le «peuple des miracles». Et lorsque vous entrez dans ce lieu froid, qui fut une Chambre de l’Agriculture du temps des Français, il faut faire contourner un horrible faux jet d’eau pour fouler à un tapis, plus ou moins rouge, qui grimpe, grimpe là-haut, vers le bureau de la direction. A côté de cela, comme on pouvait le constater lors du récent Salon méditerranéen des arts plastiques, les salles d’expositions ne sont ni équipées pour un accrochage ni convenablement éclairées. Si vous voulez rendre visite, juste derrière, à la directrice de la Culture, abstenez-vous de le faire si ce n’est pas un mercredi. D’ailleurs, dans le couloir, vous ne trouverez pas une foule d’artistes. On n’y reçoit que le mercredi, qui que vous soyez. Par ailleurs, en matière de culture, le programme d’activité du mois de Ramadan vient seulement d’être finalisé. Tel sont les nouvelles mesures qui vont donner un coup de fouet à la culture, dans la seconde ville du pays. Au lieu d’investir dans la culture, une bureaucratie totalement parachutée, totalement extérieure à la culture et aux quelques créateurs qui survivent dans la souffrance, ne trouve rien d’autre que se barricader en multipliant les obstacles dissuasifs. Ainsi, des lieux qui sont censés revenir de droit aux artistes et leur public, avec l’argent qui doit, également, être consacré à offrir des moyens pour leur créativité et la qualité matérielle des prestations, sont gérés pour le confort (avec ses fantaisies) d’une administration qui a fini par boucler la boucle: s’enfermer dans un bunker. Au moins, les choses sont claires maintenant. Confronté à une telle dégradation des pratiques sociales, il y a cette lancinante question qui vient pincer le cœur: A quoi a servi la mort sacrificielle des Alloula, Hasni, Rachid Baba Ahmed, Benaouda Bekhti et autres hommes de culture et d’esprit, pour la ville d’Oran? A rien? Peut-être à rien, pour le moment…   Brahim Hadj Slimane


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