Oran, un musée à ciel ouvert en attente de mise en valeur En l'absence d'une politique de tourisme culturel

De notre correspondant à Oran
Samir Ould Ali

S'il fallait donner quelques exemples de l'intérêt que le tourisme culturel oranais suscite auprès des Algériens et des touristes étrangers et, par voie de conséquence, des perspectives économiques qu'intelligemment réfléchi et correctement appréhendé, il pourrait ouvrir pour la wilaya d'Oran, la Randonnée patrimoniale du 1er mai, la Fête de la musique du mois de juin et les innombrables visites organisées (officiellement ou à titre privé) au profit des invités étrangers suffiraient amplement à se forger une opinion. La dernière édition de la randonnée qui mène de la place du 1er novembre vers les hauteurs de Santa Cruz a réussi attirer 20.000 participants (chiffre impressionnant pour un événement qui en est à sa cinquième édition), la Fête de la musique a mobilisé des milliers de personnes à travers plusieurs endroits de la ville dont le jardin Benbadis (anciennement promenade de Létang) et les divers sites touristiques oranais sont visités par de très nombreux voyageurs étrangers, soit dans un cadre officiel - en marge de manifestations économiques ou culturelles comme le Congrès mondial du gaz en 2010 et les premières éditions du Festival international du film arabe - ou simplement à titre privé, quelquefois par le truchement des associations culturelles. Et souvent sans aller à la découverte des sites se trouvant hors des limites de la ville d'Oran, tous ces «touristes culturels» sont unanimes à reconnaître la beauté esthétique et l'intérêt historique des lieux visités.

Sérieuses potentialités culturelles
Pourtant, Dieu sait que la wilaya d'Oran foisonne des centaines de ces trésors culturels, patrimoniaux et historiques ignorés des habitants et délaissés par les instances chargées de les protéger. Dans un ouvrage édité il y a quelques années, l'association Bel-Horizon en avait donné un aperçu en listant une cinquantaine de vestiges dont la grande majorité demeure en attente d'être mise en valeur : Des grottes du paléolithique et du néolithique, première et dernière période de la préhistoire, qui a débuté il y a moins de 3 millions d'années, de Kouchet El Djir et Eckmühl, les vestiges antiques de Bethioua (telles les ruines de Portus Magnus) ou puniques de la région des Andalouses où se trouvent une vaste nécropole et une multitude d'objets d'artisanat aux sites naturels (promenade Ben Badis, les îles Habébas, le parc naturel des Planteurs, la forêt de M'sila, le complexe des zones humides) en passant par les fortifications, témoins des différentes présences militaires (Santa Cruz, Mers El Kebir, Rozalcasar, Fort Lamoune') les places et édifices remarquables (comme la place d'Armes, la place Kléber, l'Opéra, l'Obélisque de la Victoire ailée, l'Hôtel de ville, gare, hôpital Baudens, Bains turcs') les édifices religieux (les mosquées de la Perle, du Pacha, Mohamed El Kebir) les mausolées et marabouts (Sidi El Houari, Sidi M'hamed Benaouda, Sidi Blel') les églises (Cathédrales du Sacré c'ur, Saint Louis, Saint Esprit, de Saint Eugène'), des centaines et des centaines de richesses culturelles qui, avec les pratiques et représentations composant le patrimoine immatériel (tels les waadate) attendent d'être exploitées.
La nécessaire stratégie de tourisme culturel
Enfin, le volet architecture qui confère à Oran une «valeur patrimoniale mondiale» (emboitant le pas à d'autres spécialistes, Javier Galvàn, chargé de l'assistance technique espagnole pour la réhabilitation du centre historique de la ville qualifie la capitale de l'ouest de «musée architectural unique au monde») rassure définitivement sur les potentialités incontestables de la wilaya, qui appellent à la mise en place d'une véritable stratégie de mise en valeur du tourisme culturel.Le 1er mai 2011 - et les images sont disponibles sur le Net - les Algériens comme les responsables du tourisme et de la culture oranais ont eu 20.000 bonnes raisons de croire à la réalité du tourisme culturel'