Algérie

Oran : Les tables de la Rahma



Oran : Les tables de la Rahma
Photo : Fouad S. La DAS a procédé à la distribution de 21.000 couffins d'une valeur de 3000 DA pour des familles nécessiteuses, une opération qui s'est poursuivie, avec la distribution de près de 59.000 autres couffins. 9000 repas sont distribués quotidiennement à travers les 19 restaurants de la Rahma que compte, cette année, Oran. Ils sont issus de divers horizons sociaux, de différentes régions du pays, ils ont entre 15 et 65 ans et sont en majorité des hommes qui se retrouvent, chaque jour du mois sacré, pour la rupture du jeûne, dans l'un des 19 restaurants de la Rahma ouverts un peu partout sur le territoire de la wilaya d'Oran. Une wilaya qui ne déroge pas à  la règle de la solidarité nationale puisqu'en plus des couffins du ramadhan, au courant de la première semaine du mois sacré, la DAS a procédé à  la distribution de 21.000 couffins d'une valeur de 3000 DA pour des familles nécessiteuses, une opération qui s'est poursuivie, avec la distribution de près de 59.000 autres couffins, 9000 repas sont distribués quotidiennement à  travers les 19 restaurants de la “Rahma”￾ que compte, cette année, Oran. Mahmoud, la quarantaine, teint basané, est manœuvre. Il vient de Relizane pour travailler sur l'un des nombreux chantiers de construction de la ville et pour lui le ramadhan, loin de la chaleur familiale est difficile à  supporter. « Khobza, il faut aller là où elle se trouve », dira-t-il. « Les autres mois c'est plus facile de supporter la séparation mais le mois de ramadhan est particulier et le vivre loin de mes enfants est pénible», ajoute-t-il avant de nous confier que le resto de la Rahma où il a l'habitude de se rendre, au centre-ville, lui procure un peu de cette chaleur familiale qu'il a du mal à  ne pas évoquer. «Quand je m'attable, à  côté des autres “zawaliya”￾, j'oublie un peu ma condition et elle me semble plus légère à  supporter puisque je la partage avec d'autres », affirme-t-il. Comme lui, ils sont des milliers de laissés-pour-compte qui, pour une raison ou une autre, se rabattent sur ces restos que beaucoup de déshérités aimeraient ouverts tout le long de l'année à  l'image de Djamel, la trentaine, un sans-domicile-fixe chronique, réfractaire à  tout placement dans “dar rahma”￾. « La rue, c'est mon chez-moi, je vis d'expédient, de la charité des gens, mais parfois un bon repas est toujours le bienvenu. Pendant le ramadhan, je mange dans un restaurant ouvert pour les démunis à  Gambetta et il m'arrive de changer d'endroit au gré de mes errements mais après c'est la galère, il faut se débrouiller les autres mois de l'année ». Djamel, qui a refusé de divulguer sa wilaya d'origine est catégorique sur la qualité du service et l'accueil qui leur est réservé. « Les gens sont gentils et personne ne vient t'emmerder à  te faire la morale », dira-t-il. Pour Bachir, 55 ans, chauffeur routier dans une entreprise privée, le restaurant de la Rahma ne peut en aucun cas remplacer la meïda familiale mais il faut faire avec lorsqu'on est loin de chez soi. « Cela fait plusieurs années de suite que je passe l'essentiel du mois du ramadhan sur les routes. J'ai pris l'habitude même si c'est un peu désagréable d'être loin de sa famille. Mais je n'y peux rien à  cause de mon travail. Je prends avec moi des dattes et du lait pour rompre le jeûne en cours de route, notamment lorsque je suis loin d'une agglomération où de l'un des nombreux restaurants qui se trouvent au bord de la route. Mais généralement quand je suis de passage à  Oran, je m'arrête pour manger dans un des restaurants de la Rahma, où d'ailleurs on se retrouve autour d'un ftour de bonne qualité ». Quelles que soient leurs origines ou encore leurs conditions sociales, ces restos font l'unanimité dans le cœur et les estomacs des hommes.


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