Mercredi 21 septembre. Palais de justice d'Oran. 14h30. Une foule
compacte est massée dans le couloir attenant à la salle d'audience du pénal.
Dans quelques minutes, l'affaire Sonatrach/Safir sera appelée. Elle est programmée au début de la
séance d'après-midi, comme l'indique l'épais dossier, chemise rose, qui culmine
au sommet d'une pile de porte-documents. Depuis un bon moment, un vent court
dans les «coulisses» faisant état d'une décision quasi certaine de report du
procès. «Si la cour avait l'intention de juger l'affaire aujourd'hui, elle ne
l'aurait pas laissée jusqu'à cette heure tardive. Elle aurait sans doute
attaqué ce gros dossier dès qu'elle en a fini avec les affaires des détenus, soit
vers les coups de midi», commente, l'air fatigué et la voix émoussée, un des
avocats des cinq ex-cadres du groupe Sonatrach et son
joint-venture Safir mis en cause. 15 h. L'audience
est reprise après une très brève pause. Meziane
Mohamed (l'ex-PDG de la compagnie pétrolière nationale), Feghouli
Abdelhafid (ex-vice-président du groupe, PDG de la
filiale activité aval, PDG du groupe par intérim et PDG de la compagnie Tassili
Airlines), Benamar Touati (ex-PDG de la filiale Sonatrach
: Cogiz), Henni Mekki (ex-DG
des études et du développement de Sonatrach), Nechnech Tidjini (ex-DG de la
coentreprise algéro-française Safir)
sont appelés à la barre.
Contrairement au premier procès
jugé le 27 avril dernier par le pôle pénal spécialisé, les accusés arrivent
cette fois-ci des bancs réservés au public et non d'une porte latérale, escortés
par des policiers. Un détail, certes, insignifiant pour la cour, pour laquelle
le fait que le prévenu soit détenu ou libre n'a aucune valeur, mais qui a
néanmoins toute son importance, sur le plan psychologique, surtout pour les
concernés. Après la procédure d'usage de vérification d'identité, les avocats
de la défense demandent, quasiment d'une seule voix, l'ajournement de l'affaire
sans en présenter un motif. Le président de la cour, M. Briksi,
accepte séance tenante. Tout le monde paraît trouver son compte dans ce renvoi,
y compris Feghouli Meziane,
à bout de force et visiblement abattu par ces malheureux évènements au point de
ne pas pouvoir se tenir sur ses pieds. Le procès en appel est reporté au 23
novembre prochain, c'est-à-dire dans deux mois. La «rumeur» qui circulait dans
le hall du palais se meut en certitude.
Pour rappel, les quatre anciens
hauts cadres de Sonatrach et l'ex-DG du joint-venture
Safir comparaissent sous les accusations de
«passation de marché contraire à la réglementation (le code des marchés publics,
en l'occurrence)» et «dilapidation de deniers publics.», conformément à la loi
sur la prévention et la lutte contre la corruption. L'instance pénale du 2e
degré aura donc à réexaminer ce dossier, jugé en première instance par le pôle
pénal spécialisé d'Oran, du 27 avril au 4 mai derniers, et ce, suite à un
double appel. Au premier procès, le tribunal avait reconnu coupables les cinq
accusés, infligeant deux ans de prison dont un an ferme à Meziane
Mohamed, un an de prison dont quatre mois fermes pour Feghouli
Abdelhafid, Benamar Touati, Henni Mekki, Nechnech Tidjini. Les peines
étaient assorties d'amendes, 500.000 DA pour Meziane
Mohamed, 200.000 DA pour les quatre autres.
Au cÅ“ur de l'affaire, un marché de
réalisation d'un complexe de stockage d'azote, composé de deux stations, une à
Arzew, l'autre à Ouargla, pour un montant de 680 millions de DA. Il est
reproché aux gestionnaires de ce projet de l'avoir scindé en deux tranches, octroyées,
la 1ère à la compagnie India Inox par voie d'appel
d'offres et la 2ème à Safir par gré à gré. Le lot II
relatif à l'étude et la réalisation du complexe d'azote a été confié par Sonatrach, via sa filiale Cogiz, à
Safir par gré à gré, quatre mois avant la réception
du «OK» de l'état-major du groupe Sontrach. Selon
aussi bien l'accusation que les attendus du premier jugement, le motif invoqué
par ces responsables pour justifier le gré à gré ne tenait pas la route du
moment que la 1ère tranche confiée aux Indiens pour la fourniture de matériels
et moyens est passée, elle, par un avis d'appel d'offres, sans compter le
glissement dans le délai à cause du retard dans l'arrivage des réservoirs
fournis par India Inox.
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Posté Le : 22/09/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Houari Saaïdia
Source : www.lequotidien-oran.com