Le procès en appel de l'affaire «Sonatrach-Safir»,
impliquant les ex-numéros 1 et 2 de la compagnie pétrolière nationale, Meziane Mohamed et Feghouli Abdelhafid, s'est ouvert hier devant la cour d'Oran.
Près de six mois donc après leur condamnation en première instance (jugement
rendu le 4 mai dernier par le pôle spécialisé d'Oran), les cinq anciens cadres
de Sonatrach et de son joint-venture Safir comparaissaient, tous libres, devant la cour d'appel
suite à un double appel de la défense et du parquet, et ce, pour répondre des
accusations de «passation de contrat contraire à la réglementation (le code des
marchés publics)» et «dilapidation de deniers publics».
Il y a lieu de rappeler que Meziane Mohamed, l'ex-PDG
du groupe Sonatrach, avait été condamné par le
tribunal à une peine de deux ans de prison dont un an ferme. Une peine d'un an
de prison dont quatre mois fermes avait été prononcée contre Feghouli Abdelhafid (ex-vice-président
du groupe, PDG de la filiale activité Aval), Benamar Touati (PDG de la filiale Sonatrach
: Cogiz), Henni Mekki (DG
des études et du développement de Sonatrach) et Nechnech Tidjini (DG de la
coentreprise algéro-française Safir).
Ces peines avaient été assorties d'amendes, 500.000 DA pour Meziane
Mohamed, 200.000 DA pour les quatre autres, rappelle-t-on.
Il leur est particulièrement reproché d'avoir scindé le projet de
construction du centre de stockage et de conditionnement de l'azote à Arzew et
Laghouat en deux parties, dont seule la première - celle concernant
l'importation de bacs de stockage - était passée par l'avis d'appel d'offres (le
contrat a été remporté par les Indiens d'Inox India).
L'autre - celle portant sur l'étude et la réalisation du centre de stockage - avait
été confiée à la société algéro-française Safir, sans passer par l'avis d'appel d'offres : «Pourquoi
avoir recouru au gré à gré, alors que vous saviez parfaitement que la formule
est exceptionnelle et que l'appel d'offres est la règle dans la passation des
marchés publics ?», ne cessait de demander le juge.
Dans leurs réponses, les prévenus ont été unanimes : le choix de la
formule de gré à gré, au lieu de l'appel d'offres dans le contrat signé avec Safir, était justifié, d'une part, par l'urgence de
réaliser rapidement le centre de stockage et de conditionnement de l'azote et, d'autre
part, parce que, techniquement, l'azote est un gage de sécurité dans les
installations industrielles et que l'Algérie, qui n'en disposait pas, allait
devoir en importer.
«La décision A-408 R15 (décision portant directive de la passation des
marchés de fournitures, de travaux, de fournitures et montage d'installations
et de services physiquement quantifiables, adoptée par Sonatrach
en 2004, ndlr) nous impose l'accord du P-DG, la
sécurité et l'urgence comme préalables pouvant autoriser le recours au gré à
gré. Or, c'est précisément de cela qu'il était question dans le contrat avec Safir», ont insisté les accusés en soulignant qu'il aurait
été plus laborieux et plus long de recourir à l'appel d'offres, alors que la
société algéro-française avait les capacités et les
compétences pour prendre en charge la construction du centre de stockage pour
un coût payable en dinars (660 millions de dinars). Le débat contradictoire
s'est poursuivi jusque tard dans l'après-midi d'hier. Le ministère public a
requis l'aggravation des peines pour l'ensemble des accusés. Le verdict a été
mis en délibéré.
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Posté Le : 24/11/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Houari Saaïdia
Source : www.lequotidien-oran.com