Algérie

Oran: La pluie de toutes les colères


Suite aux importantes précipitations qui se sont abattues sur Oran, depuis plus de deux jours, notamment durant la nuit de dimanche à lundi, plusieurs quartiers de la ville ont été inondés, à l'instar du terrain Miranda ainsi que tous les quartiers du versant sud du mont Murdjadjo.

L'eau a atteint dans certaines habitations près d'un mètre de hauteur et si aucun dégât humain n'a été enregistré dans cette zone, les dommages matériels par contre, sont immenses et plusieurs familles se sont retrouvées sinistrées. Devant cette situation indescriptible, des protestations, voire des débuts d'émeutes, ont eu lieu dans un premier temps, au niveau de la pénétrante de Ras El Aïn, donnant sur Sidi El Houari. Des citoyens déchaînés ont bloqué la circulation et la rumeur a vite circulé au point où vers 10h, aucun véhicule n'a emprunté cet axe routier. Pour mieux alerter les autorités sur leur situation, plusieurs citoyens ont tenté une action identique, à l'avenue Emir Khaled, non loin des arènes. Il était 11 h, quand plusieurs citoyens et particulièrement des jeunes ont investi cette artère et ont tenté de bloquer la circulation alors que d'autres habitants de ce quartier se sont regroupés à proximité de la polyclinique Emir Khaled. Les forces de l'ordre étaient sur place et sont arrivées à disperser sans user de la force, les manifestants avant que les autres qui se sont rassemblés à l'entrée du marché se soient mis à jeter des pierres sur les forces de l'ordre qui ont riposté énergiquement, repoussant les assaillants. Durant plus de 30 minutes, l'avenue Emir Khaled était déserte. Toutefois, cette action n'a pas fait l'unanimité chez la population locale qui a appelé au calme.

On signale également qu'à Mers El Kebir et suite aux inondations de certains quartiers de la localité, des habitants ont protesté énergiquement, en investissant la route nationale. Il a fallu l'intervention du chef de daïra d'Aïn El Türk et du maire de la ville pour apaiser les esprits. Il en est de même du côté de douar Cheklaoua, rasé depuis longtemps et dont le site a été réinvesti par d'autres familles qui ont érigé un impressionnant bidonville donnant sur la Sebkha. Des citoyens et ce n'est pas la première fois, ont tenté de protester pour les mêmes raisons en investissant le rond-point El Bahia.

Notre virée au terrain Miranda, construit sur un lit d'Oued, nous a permis de constater les dégâts dans des dizaines d'habitations construites en amont du fond d'oued et sur un terrain glissant. Ici, les crues de l'oued et de ses affluents ont augmenté considérablement et plusieurs quartiers sont restés isolés. Et il a fallu la pose de passerelles de fortune faites de madriers pour permettre aux personnes de circuler. A ce propos, on apprend que les élèves de tout ce quartier n'ont pas pu rejoindre leurs établissements scolaires. A ce titre, un responsable d'un établissement de santé publique situé à l'ouest d'Oran, a indiqué que 80% de son personnel s'était absenté en raison des difficultés de circulation. D'ailleurs, du rond-point des Amandiers jusqu'à El Hassi, la voie express était impraticable et pour un trajet de 5 km, la durée pouvait atteindre facilement 1heure et demie. Un habitant du terrain Miranda raconte que «vers 6h, alors je m'apprêtais à secourir des voisins dont l'habitation était inondée, j'ai entendu mes enfants crier après l'effondrement d'un mur. Du coup, les importantes quantités d'eau qui se sont infiltrées les ont éjectés en dehors de l'habitation. Et heureusement que l'eau n'a pas atteint les prises électriques, sinon ils auraient été électrocutés». Dans ce quartier connu pour ses ruelles serpentées et difficilement accessibles, un élan de solidarité s'est développé spontanément et les citoyens, munis de pelles, étaient à pied d'Å“uvre afin de déblayer les importantes quantités de boue.

Pour illustrer les conditions inhumaines qui caractérisent ce quartier, il y a lieu de citer la déclaration faite en 2002 par Djamel Ould Abbès, alors ministre de la Solidarité et qui a qualifié ce site de «véritable enfer».


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