La briqueterie publique Mers El Kebir II (Oran), de la filiale du groupe Bricor, géré par la SGP Iprs (produits rouges), vient d’être cédée à un privé national, l’Eurl Umab, pour le montant de 630 millions de DA.
Ce repreneur devra procéder à un versement initial de 20% du montant au profit du trésor public à la date de la signature du contrat et à autre versement de 10% au profit des travailleurs par le biais de l’Epro, à condition de l’acceptation des bénéficiaires de leur désintéressement à la participation au capital social à la date de la signature du contrat. Le repreneur devra aussi payer le reliquat du montant de cession sur 5 ans, avec un différé d’une année à partir de la date de la signature du contrat de cession et assorti du taux d’intérêt bancaire en vigueur. Le repreneur s’est aussi engagé à maintenir l’activité et à préserver les 170 postes d’emploi qui constituent l’effectif de cette unité et de reconduire toutes les conventions collectives en vigueur.
L’Eurl Umab est, par ailleurs, tenue d’investir 120 millions de DA dans la mise à niveau dans un délai de 12 mois à compter de la date de cession. Il est à rappeler que la séance de l’ouverture des plis s’est déroulée le 6 février 2006.
Dans une déclaration à Liberté, Mohamed Saaïdia, SG de la section syndicale Ugta, de la filiale Bricor Mers El Kebir II, s’est dit “inquiet et frustré par le black out total sur l’information” et parle “d’opacité qui a entouré ce processus de privatisation”. Ce syndicaliste plaide pour “le respect de lois quant au droit à l’information”. Les travailleurs devront organiser aujourd’hui une assemblée générale pour se prononcer sur le choix entre leur participation à titre gracieux au capital social à hauteur de 10% sans avoir le droit de vote ni celui de représentation au conseil d’administration ou leur désintéressement à la participation au capital social avec en contrepartie leur perception de 10% des 630 millions de DA représentant le montant de la cession. L’ambiance générale est à la douche écossaise vécue par le collectif des travailleurs qui se bat pour la reprise de cette unité depuis 1998. Le collectif devra maintenant se contenter de ce qu’il qualifie de “miettes”. Les travailleurs se sont constitués en société de salariés (SPA) et se sont proposés de reprendre cette unité en soumettant une offre à hauteur de 600 millions de DA (541 millions de DA avec la prise en charge de 60 millions de DA de dettes générées depuis l’offre de cession). L’ambiance régnant chez les travailleurs est ainsi “l’inquiétude quant au devenir des emplois”. L’usine produit en moyenne 9 000 tonnes de briques mensuellement et dégage entre 16 à 19 millions de DA de chiffre d’affaires annuellement, mais croule sous les dettes qui se chiffreraient à fin juin 2005 à 900 millions de DA au profit des banques. Des dettes qui dépassent largement l’actif de la société.
Mais le repreneur ne va pas hériter de ces dettes puisque l’État prendra en charge toute cette ardoise. Il est à signaler que deux autres briqueteries, à savoir Mers El Kebir I et Sidi Bel-Abbès, seront elles aussi privatisées. La décision qui a autorisé ces cessions a été prise le 13 juin dernier par le conseil des participations de l’État (CPE). Mais l’ambiance qui règne chez les travailleurs est la même devant ce qui est qualifié “d’inconnu” surtout que la situation des autres briqueteries jusque-là privatisées, à l’image de celle de Remchi (cédée en 2004) et Rahouia, est perçue comme étant “loin d’être reluisante”.
Posté Le : 05/09/2006
Posté par : hichem
Ecrit par : Cherif Lahdiri
Source : www.liberte-algerie.com