L'affaire dont la
trame de fond est une enquête sociale de complaisance - présumée - en faveur
d'un ancien journaliste puis directeur de publication, impliquant
d'ex-officiers de la police de la wilaya d'Oran, à leur tête l'ex-divisionnaire
Mokrani Mokhtar, a rebondi, hier, avec le procès en appel.
En nuançant hier
son réquisitoire : «l'application de la loi», alors qu'il avait requis en
première instance, devant le tribunal correctionnel d'Arzew, «3 ans de
détention contre l'ex-chef de la Sûreté de wilaya d'Oran», le parquet a-t-il
fait marche arrière ? Cette lecture, au demeurant logique, les avocats de la
défense, et pas seulement, l'ont faite au sortir du prétoire. Alors que le scénario
du maintien de la première demande coulait presque de source, le représentant
du ministère public a pris hier tout le monde à contre-pied, les accusés
compris. Cependant, le fait spectaculaire du procès en appel était l'oeuvre non
pas du magistrat du parquet mais de la robe noire, précisément le bâtonnier
maître Benblal Abdellah. Celui-ci, qui défendait l'ex-patron de la police
d'Oran, a jeté un pavé dans la mare en tirant à boulets rouges sur un ancien
responsable du staff qui tenait les rênes de la cour d'Oran pour une histoire
d'un casier judiciaire remis vierge, «par erreur», à l'intéressé en date du 20
décembre 2003. Près de deux mois donc, après sa condamnation à 18 mois de
prison ferme par le tribunal de premier degré d'Arzew, l'ex-chef de Sûreté de
wilaya d'Oran (de 1999 à 2004) comparaissait, hier, libre, devant la Cour
d'appel, à côté de deux de ses anciens proches collaborateurs, l'ex-chef de la
brigade de police judiciaire (PJ) Mhidi Youcef, blanchi en première instance,
et son adjoint Negaz Amine, qui avait écopé d'un an d'emprisonnement. Sur ces
trois accusés, pesaient les charges de «remise d'un document officiel à une
personne qui n'en a pas droit», articles 222 et 223 du code pénal, et la
«falsification de documents administratifs». Leur quatrième coaccusé, un ancien
«ponte» de la presse locale, Ahmed Khodja Bouziane, toujours en cavale, avait
été, quant à lui, condamné par défaut à 2 ans d'emprisonnement pour «obtention,
indûment, de documents administratifs en fournissant de fausses déclarations et
usage de faux». Février 2004, dans le cadre de sa démarche visant l'obtention
d'agrément pour trois nouveaux journaux, «Les Echos de l'Oranie», «Gazettes
d'Algérie» (titres francophones) et «La vie algérienne» (titre arabophone), qui
devaient être édités par un groupe de presse local «Le monde des infos », Ahmed
Khodja Bouziane a pu obtenir une enquête sociale favorable, lequel document ne
pouvait jamais lui être délivré sans le coup de pouce du patron de la police
d'Oran, selon l'accusation.
Dans les
conclusions rédigées à grands traits par le juge d'instruction, six faits
majeurs sont reprochés à cet ex-responsable de la police et ses deux
subordonnés directs. Premièrement, l'enregistrement de la correspondance du
procureur de la République portant ouverture d'une enquête sociale concernant
Ahmed Khodja Bouziane (A.K.B) a été fait au niveau du service des
Renseignements généraux juste pour remplir la formalité, la mission ayant été
dévolue illégalement à une autre instance policière. Deuxièmement, lors de son
audition le 23 octobre 2007, A.K.B. a fait de fausses déclarations en ce qui
concerne le service qui l'avait convoqué pour subir un interrogatoire dans le
cadre de ladite enquête. Troisièmement, Il s'est avéré après investigation que le
formulaire de renseignements avait été rédigé par le service de la PJ, alors
que le dossier d'enquête transmis prétendait que cette tâche a été accomplie
par les RG.
Quatrièmement,
l'argument avancé par Mokrani pour justifier sa signature sur l'enquête sociale
établie en violation de la loi, le 10 février 2004, dans une durée record de 24
heures, ne tient pas debout, étant donné que l'intéressé a fait l'objet d'une
condamnation définitive par défaut pour émission de chèque sans provision qui
lui a été notifiée par la police le 3 mars 1998, fait également l'objet d'une
commission rogatoire pour identification pour une affaire en diffamation datant
du 11 septembre 1996 et la même personne est, en outre, impliquée dans une
affaire de menace avec arme à feu remontant au 17 mai 1996. En dépit de ces
antécédents judiciaires bien mentionnés sur le formulaire de renseignements,
ajoute le magistrat d'instruction dans son rapport, l'enquête sociale faite par
la police note dans son paragraphe 2 : «l'intéressé est administrativement bien
connu de notre service, celui-ci ne voit aucune réserve à émettre pour son cas
et ne voit aucun inconvénient à la parution du journal «Les échos de l'Oranie».
Cinquièmement, le
formulaire de renseignement porte la signature de l'officier Negaz Amine.
Sixièmement, pour l'instruction, il y a un faisceau de présemptions fortes et
cohérentes confirmant le délit de faux dans des documents administratifs, les
trois officiers en question ont agi de connivence pour mettre au point une
enquête favorable à l'intéressé tout en sachant qu'il n'en avait pas droit eu
égard à ses antécédents». Le verdict a été mis en délibéré pour le 16 mai.
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Posté Le : 03/05/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Houari Saaïdia
Source : www.lequotidien-oran.com