Le procès en appel du détournement de fonds à partir de la recette de
recouvrement des factures téléphoniques, à l'unité d'Oran d'Algérie Télécom, a
été renvoyé au mercredi 14 novembre. Raison de ce troisième report : le
président d'audience, M. Brikci, avait connu ce dossier
auparavant, lors de son passage devant la chambre d'accusation. Ce magistrat
faisait partie, en effet, de la composante de cette juridiction qui avait
instruit l'affaire au 2e degré. Ainsi, dès lors qu'il a pris connaissance de
cette affaire durant la procédure, il n'était plus compétent pour la juger, en
vertu du principe d'impartialité, c'est-à-dire la capacité du magistrat qui
juge une affaire à entendre et à intégrer à son raisonnement, avec la même
ouverture d'esprit, tous les arguments qui lui sont présentés, dans un sens ou
dans un autre. Cela suppose, notamment, que ce juge n'ait à aucun moment, antérieurement
à l'audience de jugement, pris position, indirectement ou indirectement, sur la
culpabilité du prévenu. Rendez-vous donc a été donné le 14 décembre aux
prévenus, au nombre de 32, et à la partie civile dans le même prétoire de la
chambre d'appel de la cour d'Oran, avec le magistrat M. Zendaki
au siège de la présidence d'audience.
Au début de l'affaire, 101 personnes, des employés à la Recette principale (RP) d'Oran,
sise la Grande Poste,
et à l'Actel «Abane Ramdane», étaient impliquées, avant que leur nombre se
réduise à 32, après qu'une partie ait bénéficié d'un non-lieu total. Ceci, alors
qu'un autre groupe des 102 accusés attend que la Cour suprême tranche sur
leurs pourvois en cassation.
La genèse de l'affaire remonte au 19 décembre 2009, lorsque la direction
de l'unité opérationnelle d'Oran de AT reçoit une correspondance du directeur
de l'agence «Abane Ramdane»,
faisant état d'un manque à gagner de 556.589 DA dans la comptabilité relative à
la journée du 9 août 2005, écart mis en évidence par la différence entre la
pièce comptable dite dans le jargon interne «A-37» et la quittance de payement
émise par la recette principale RP (la Grande poste, sise au centre-ville). Aucune trace
de cette A-37, censée être au niveau de la RP, ne sera trouvée. L'Inspection détectera par
la suite une autre anomalie similaire pour la journée du 10 août 2005, avec
cette fois-ci un trou de 667.151 DA. Dans les deux cas, des ratures, des
biffures et des rajouts au stylo seront relevés. Une investigation
administrative est déclenchée visant tout le personnel du circuit, avec comme
montant dévalisé estimé à 1.223.741 DA.
Une plainte est déposée auprès de la BEF du commissariat central d'Oran pour
détournement de fonds et falsification de documents comptables contre une liste
nominative de fonctionnaires de l'Actel Abane Ramdane et de la RP. Au total, 101, entre
agents de comptabilité et de saisie ainsi que des abonnés «complices», passeront
tour à tour dans les locaux de la
BEF puis au bureau du juge d'instruction de la 9e chambre du
tribunal d'Oran. Un non-lieu sera prononcé contre les mis en cause en bloc. Dossier
classé ? Non, la Chambre
d'accusation a un tout autre avis. L'affaire est relancée, des non-lieux
sautent, un autre juge d'instruction (la 6e chambre) prend le relai. Et, surtout, un expert comptable est désigné. Ce
commissaire aux comptes va bien au-delà des deux journées signalées, il balaye
la comptabilité de tout l'exercice 2005, en puisant ses informations dans les
registres de AT et sans pour autant prendre attache avec aucun des employés
concernés. Il clôt son rapport très concis avec deux conclusions : un préjudice
se chiffrant à 56.762.226 DA et des parts de responsabilités visualisées par un
graphique rond divisés en secteurs par taux en pourcentages.
Les avocats des 101 employés, suspendus à ce jour, y compris ceux ayant
bénéficié d'un non-lieu, battent en brèche cette expertise, en lui reprochant
plusieurs griefs : «Quel est le procédé adopté pour éplucher la comptabilité ? Quelles
sont les sources d'informations exploitées ? Pourquoi limiter l'investigation
au seul dernier maillon de la saisie et de la comptabilité et passer outre les
autres maillons de la chaîne ?…». Autant d'interrogations posées par la défense
avant la tenue du procès.
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Posté Le : 05/12/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Houari Saaïdia
Source : www.lequotidien-oran.com