Algérie

Oran-Festival international du film : Spéctaculaire Mustapha Benboulaïd



Oran-Festival international du film : Spéctaculaire Mustapha Benboulaïd
Mustapha Benboulaïd est un vrai film d'action ! Ceux qui attendaient une relecture de l'histoire de la guerre d'Indépendance, 53 ans après la mort de celui qui avait été surnommé le Lion des Aurès, sera déçus. Pour le premier cas, le succès est tel que, pour la première fois dans l'histoire du festival, des spectateurs n'ont pas pu accéder, lundi, jour de la projection, à la salle Es-Saâda (ex-le Colisée) qui a affiché complet. « Un cinéaste n'écrit pas l'histoire », tranche d'emblée Ahmed Rachedi, réalisateur qui a pourtant affirmé que les propos tenus par l'interprète du rôle de Messali Hadj, dans ses multiples apparitions au début du film, sont authentiques. « Je n'ai rien ajouté, ce que dit Messali Hadj dans le film, c'est ce qu'il a réellement déclaré dans la réalité », devait-il expliquer en réponse à une question du publique. Malgré l'insistance, le père spirituel du nationalisme algérien n'a pas voulu approuver la décision des « jeunes » du comité central qui ont décidé de passer à l'action armée pour revendiquer l'indépendance. Personnalité controversée, le fondateur, dès 1926, avec quelques compagnons travailleurs en France et issus du milieu syndical, de l'Etoile nord-africaine, a d'abord vu son rôle minimisé dans l'histoire officielle avant d'être réhabilité, à partir de la fin des années 90.Ahmed Rachedi se base donc bel et bien sur l'histoire, mais sans en adopter le principe de rigueur. Il en est sorti une 'uvre épique, plus exactement une malhama (proche de l'odyssée) qui a caractérisé des productions théâtrales à gros budget financées par l'Etat durant les dures années du terrorisme, avec l'idée que ce genre de travaux aiderait à cimenter à nouveaux les liens nationaux, croyant (mais peut être à tort) que ces derniers étaient fortement ébranlés par les événements vécus à cette époque. Mustapha Benboulaïd (le rôle principal a été confié à Hassen Kechache) s'inscrirait dans cette démarche de tissage du national en mettant en avant les hauts faits d'armes des héros de la guerre d'indépendance. Mais la direction étant collégiale (hormis la réunion des 22, le film évoque aussi rapidement les rencontres des 6 qui ont pris la décision finale de diriger, chacun dans sa zone, le déclenchement des hostilités), ce film appelle logiquement la réalisation d'autres pour la reconstitution d'une « mythologie nationale » même fragmentée et faisant l'impasse sur la gravité de certaines dissensions internes (« Des frères s'entretuent pour commander ' », s'indigne Benboulaïd dans une scène brève).« Ce n'est qu'un début et nous allons en tourner d'autres », promet d'ailleurs Ahmed Rachedi, toujours en réponse aux préoccupations du public. Plusieurs films ont été tournés sur la guerre après l'indépendance, mais le fait qu'ils mettaient en scène des héros anonymes, chacun se suffisait à lui-même et pouvaient les représenter tous. Aujourd'hui, on veut nommer les choses et la preuve en est que, annoncé durant ce même festival, Saïd Ould Khelifa va tourner un film sur Ahmed Zabana (l'équilibre régional étant de rigueur) sur un scénario de Azzedine Mihoubi dont la pièce de théâtre Malhamat Zabana a été retenue et jouée, il y a plus de 10 ans. En dehors de ces considérations historiques, l''uvre est une prouesse technique rare dans le cinéma algérien avec usage d'effets spéciaux et le recours aux cascadeurs pour réaliser certaines scènes de combat soutenues par une logistique militaire impressionnante.Des vues aériennes, des explosions, des parachutes, avions et hélicoptères militaires, des mouvements inhabituels de caméras qui suivent les personnages dans les reliefs rocailleux et accidentés des maquis sont autant d'agréments alternatifs à une certaine faiblesse des dialogues, ni réalistes au sens où les acteurs du mouvement national rendent compte eux-mêmes de leur teneur et de la manière dont ils sont menés ni poétiques pour accentuer la dimension tragique visée dans le film. Dans un carnet, Benboulaïd note les noms des martyrs tombés au champ d'honneur. Dans la dernière scène, le film le montre en train de noter son propre nom avant qu'une bombe cachée dans un appareil de transmission (une ruse) ne confirme ses prévisions au sujet de son destin.


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