Algérie

Oran face à l'insécurité



Alors que les conditions de vie des étudiants et étudiantes résidant dans les cités universitaires d'Oran ne font qu'empirer d'année en année, selon les témoignages recueillis, l'insécurité semble être la goutte qui a fait déborder le vase et généré des mouvements de protestation à l'intérieur et à l'extérieur des campus. Occupation des restaurants, de l'administration, blocage des routes ont caractérisé le mouvement des résidents ces derniers jours. Dernièrement, une résidente de la nouvelle cité 2000 Lits (Maraval) a sauté d'un étage supérieur, car effrayée par un intrus, probablement un voleur, qui a pu s'introduire jusque dans sa chambre, nous a-t-on confié. Cette cité a été inaugurée, mais avec deux années de retard, par le président de la République lors de son dernier passage à Oran. Pourtant, « il n'y a ni chaises ni tables dans les chambres. Pire, les filles se sont retrouvées dans l'obligation de faire elles-mêmes le ménage même dans les parties communes, car les responsables n'ont pas embauché de femmes de ménage », confie Nadjat, une étudiante à l'Institut des langues étrangères. Elle n'est affiliée à aucune organisation estudiantine, mais elle rend compte de l'occupation des cuisines et, récemment, de l'administration. « Quand nous étions aux Amandiers, nous ne manquions de rien, mais là, hormis la proximité, pour certaines, de l'institut, rien ne va », dira-t-elle, en expliquant que cette ancienne cité, équipée d'un service sanitaire, d'une ambulance et même de l'eau douce a été donnée aux garçons. Il leur reste, dit-elle, l'interdiction de rentrer au-delà de 20h30 et le diktat des islamistes qui, à défaut de se battre pour le bien-être, interviennent pour interdire toute forme d'expression culturelle. A la C3, une cité filles située à l'USTO, à l'autre bout de la ville, deux individus se sont introduits la semaine dernière, à travers un trou dans le mur d'enceinte, jusque dans les douches d'un des pavillons, entraînant un mouvement de panique. Un mouvement de protestation a été organisé instantanément et les résidentes ont bloqué la route. Les garçons ne sont cependant pas mieux lotis. Durant la même semaine, dans la nouvelle cité des 1000 Lits (IGCMO) qui n'est dotée d'aucune infrastructure en dehors des blocs d'habitation et du resto, un étudiant de l'ENSET a fait une chute du toit de l'un des pavillons. « Il a fallu attendre l'arrivée des secours de l'extérieur (un véhicule utilitaire) pour évacuer la victime », atteste Moumen, représentant local de l'ONEA, avant de dresser la situation et le vécu dans cette cité. Selon un sondage interne à l'université, « 80% des étudiants touchés par le retard dans le cursus sont issus des cités U ». Un cercle vicieux qui fait que les conditions de vie influent sur les études et les retardataires n'ouvrent plus droit à l'hébergement. Le chiffre reste très plausible, car toutes les résidences enregistrent des dysfonctionnements. A la cité le Volontaire (référence au mouvement de volontariat des années 1970), l'une des plus anciennes, le pavillon B est touché par les infiltrations d'eau. A l'ETO, une cité plus récente, située dans le même périmètre, les pavillons 8 et 14 sont, dit-on, inhabitables. La section UNEA de cette cité a, par ailleurs, organisé un mouvement de protestation interne, il y a quelques jours. Sit-in et plateformes de revendications sont devenus le lot quotidien des résidents. « La cité Zeddour Brahim, du côté de l'USTO, a subi 5 fois des rénovations, mais ces pavillons sont toujours dégradés », atteste Affif qui espère qu'une commission d'enquête sera dépêchée par le ministère de tutelle. « A l'échelle nationale, un budget de 5000 milliards de centimes a été débloqué pour les 'uvres universitaires, mais nous ne voyons pas grand-chose sur le terrain », enchaîne son camarade qui parle de l'existence d'une certaine maffia des 'uvres sociales. « Nous avons demandé une bourse directe pour les étudiants, mais beaucoup s'y sont opposés et nous pensons que c'est parce qu'ils auront beaucoup à y perdre », déplorent des animateurs du mouvement estudiantin en précisant que « la culture de la violence est le seul moyen qui peut pousser les responsables à écouter d'abord puis négocier avec les étudiants ». On atteste que 7 adhérents sont poursuivis pour diffamation. Les étudiants revendiquent seulement des permanences médicales, des ambulances, de diminuer les taux d'occupation par chambre (parfois jusqu'à 5 positions), le transport et, enfin, la sécurité dans les campus.


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