Algérie

ORAN ENVAHIE PAR DU FROMAGE D'ORIGINE INCONNUE



ORAN ENVAHIE PAR DU FROMAGE D'ORIGINE INCONNUE
La jungle de la tartine dans les marchés

Le monde de la fromagerie a besoin d'une sérieuse organisation à Oran, tant il représente, depuis l'intrusion de nouveaux opérateurs informels, une véritable menace pour la santé publique. La capitale de l'ouest est devenue un terrain de prédilection pour certains fromages, notamment celui des pâtes à tartiner.

Un opérateur économique installé depuis des années et gérant un label bien connu dans la région n'a pas manqué de fustiger ceux qu'il a qualifiés d'intrus attirés par l'appât du gain. «Ils constituent aujourd'hui une véritable menace pour la santé publique et pour le secteur qui n'arrive plus à définir un plan de développement et d'investissement tant le manque à gagner est énorme aussi bien sur le plan économique que sur celui de l'image. Les pouvoirs publics se doivent de réagir car le marché est ouvert à tous les vents», dira-t-il.
Ce dernier, qui a réussi depuis son implantation à Oran durant les années soixante-dix à fidéliser une clientèle, se dit outré par la situation qui prévaut dans le secteur : «Apparemment, les morts par intoxication au fromage enregistrés durant les années quatre-vingt-dix dans la wilaya de Tlemcen n'ont servi à rien. Le botulisme continue d'être une véritable menace pour les consommateurs mais personne ne s'en soucie.»
Notre interlocuteur nous invitera à faire un tour dans les marchés de la ville (rue des Aurès et M'dina J'dida) pour comprendre l'étendue de la menace qui pèse sur la santé du consommateur. Les fromages de toutes sortes sont proposés à la vente sans aucune norme d'hygiène. Certains fromages ne portent même pas le nom du fabricant alors que d'autres sont proposés dans des emballages qui n'inspirent aucune confiance. «Où sont les services de contrôle, qu'ils fassent leur travail.

Ils ont du pain sur la planche», dira notre interlocuteur. Pour nous faire saisir l'étendue du fossé qui sépare le formel de l'informel, il nous fit visiter son entreprise à l'est d'Oran. Les lieux sont propres et les machines sont rutilantes. Des ouvriers en tenue aseptisée officient dans l'espace climatisé. «Nous contrôlons tout le processus de fabrication.
Depuis le laboratoire jusqu'aux chambres de stockage, tout est géré de façon à donner le meilleur produit possible. Nos produits sont régulièrement contrôlés par les services d'hygiène. Nos équipements sont à la pointe de la technologie. Nous avons investi un argent fou mais aujourd'hui nous risquons de tout perdre à cause du marché informel qui a fait main-basse sur les réseaux de commercialisation», dira-t-il.
La même source ne manquera pas de dénoncer ce qu'elle a qualifié de grave menace sur la santé publique. «Imaginez, ils ont osé proposer des fromages à pâte molle (camembert, gervais) qui sont un véritable terreau pour une foule de bactéries et autres microbes s'ils ne sont pas préparés selon des normes très strictes. Les services de contrôle doivent réagir, vous verrez comment le marché sera inondé durant le mois sacré», fera-t-elle remarquer.

Les contrôleurs se plaignent du manque de moyens
Une source à la direction du contrôle d'hygiène, tout en reconnaissant l'existence d'un marché informel des produits alimentaires qui englobe même les fromages, a précisé que les agents travaillent dans des conditions impossibles.

«Des saisies sont régulièrement effectuées au niveau des marchés et de certains magasins, mais nous ne pouvons pas faire plus. Les fabricants officiels sont régulièrement contrôlés mais les autres, les occasionnels, n'ont en réalité aucune existence. Ils peuvent officier dans n'importe quelle cave de maison, d'où la difficulté de les prendre la main dans le sac.

Nous avons procédé à la fermeture de deux fromageries clandestines à Bir El Djir mais cela reste insuffisant. Le secteur doit s'organiser pour ne laisser aucun espace à l'informel. Dans ce genre de situation, il faut conjuguer les efforts car un fabricant clandestin ne pourra plus activer quand il n'arrivera plus à placer son produit», affirme notre source.
En attendant, les opérateurs du secteur continuent de mener une guerre à armes inégales contre ceux qu'ils qualifient de «parvenus qui ne pasteurisent même pas le lait qu'ils utilisent comme matière première ou qui ont recours au lait en poudre qu'ils ont décrété intrant majeur dans la fabrication d'une variété de fromages à la qualité douteuse. C'est ce qui explique en partie la crise que connaît la collecte de lait et le marché du lait en poudre», affirme notre source.




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