Algérie

Oran en 1922



Oran en 1922
Il y a beaucoup à faire, encore Oui, je le sais ! Quand la grande idée humaine viendra-t-elle mettre à exécution le talentueux projet dont on parle de puis si longtemps :
Celui de construire un pont suspendu au-dessus du ravin Raz el Ain jusqu'au Belvédère, et de là, prendre le funiculaire jusqu'au. plateau du Murdiadjo, où l'on peut admirer à l'Hôtel de Ville les plans en relief de ces importants travaux. Quelle vitalité ce sera dans cette nouvelle ville d'air dont l'altitude est à 419 mètres..
Les Planteurs n'en sont pas moins attrayants et c'est bien le plus bel endroit et le rendez-vous favori des promeneurs. Une belle route carrossable vous donne l'illusion de nos grands bois. Complantés de jeunes pins (vers 1854), ils atteignent aujourd'hui, en certains endroits une hauteur de 5 à 6 mètres.
Dans la montée de Santa Cruz, à l'altitude de 272 mètres, on trouve la chapelle de la Vierge construite en 1849 par des croyants pour obtenir de Dieu la disparition du choléra qui sévissait à Oran.

Lieu de pèlerinage très fréquenté chaque année au jour de l'Ascension, le coup d'œil est vraiment féerique, car dès l'aube jusqu'au crépuscule, des milliers de croyants et croyantes, gravissent la montagne par divers sentiers conduisant à la chapelle, pour accomplir le vœu que chacun a promis. La veille, vers minuit, le bourdon de la petite basilique sonnant à toute volée, lance dans les airs sous le ciel constellé d'étoiles, pour recommencer le lendemain toute la journée, I'hallali de la foi et des promesses.
Que de femmes montent à genoux jusqu'au seuil de la chapelle de la Vierge pour tenir leur serment. Combien de filles, dont le cœur a parlé, une relique la main, les cheveux épars et les pieds nus, gravissent, sans s'en inquiéter, les sentiers pierreux de leur calvaire, car il doit leur tarder de s'agenouiller devant l'autel de leur destinée.
Ces humbles de la croyance, je les respecte, car il est des secrets que l'on garde, comme il est des douleurs qu'on ne console pas.
La chapelle de Santa-Cruz est vouée à l'immortalité; donc que les générations futures, quelles qu'elles soient, n'oublient jamais, que toute promesse est un devoir sacré, et que ce serait commettre un sacrilège une arrière pensée, on doutait des bienfaits de notre destinée, que nous demandons à atténuer par un pieux pèlerinage.

Redescendant la dite colline, nous y voynus de petits pins d'une hauteur de 1m 50 à 2 mètres, ces derniers furent plantés en 1906. La dite forêt a bien 3 kilomètres de longueur, un chemin carrossable, partant de la glacière, nous conduit au plateau du Murdjàdjo et pédestrement vous pouvez contourner le fort de Santa-Cruz et suivre le versant Nord en face la mer, et reprendre le chemin donnant accès à la partie du Santon et vous conduire à la place Kléber.
Une nouvelle route contournant la maison forestière et rejoignant celle qui conduit au Murdjadjo a été commencée en février 1922 et M. Millerand, Président de la République lors de son passage à Oran, l'inaugura le 17 avril de la même année. (1)

(1) Coïncidence remarquable, M. Loubet, Président de la, République, inaugura l'avenue qui porte son nom, le 17 Avril 1903.



J'ai oui dire que l'on devait déraser le Château Neuf, finir de combler le ravin près de l'usine à gaz et ne faire qu'un plateau jusqu'à Miramar. N'est- pas là tout ce que l'imagination humaine a de beau, de grand ! Quelle métamorphose, quelle belle ville cela fera !
Certes vous allez me dire, qu'il y a longtemps que bien des travaux seraient terminés et d'autres en cours. Oui c'est vrai, car jusqu'en 1914 tout allait bien pour le bâtiment, et comme l'on dit : Quand le bâtiment va, tout va !
Nous avons été contraints de nous arrêter par la cause de cette terrible guerre qui dura 51 mois et 11 jours (1er août 1914, 11 novembre 1918) et qui se termina par la capitulation de l'Allemagne. Que d'absents, que de bras manquent ! A l'heure, actuelle, (1922), la situation financière n'est pas dans tout son éclat. on s'abstient, on ne bâtit pas; il y a une grande crise pour les logements, pourtant il y a du terrain.
Cependant, il faut sortir de cette torpeur, il faut se grouper autour du fanion de la liberté, et puisque " l'Union fait la Force ", imitons nos ancêtres de 1789 ! Soutenons-nous! aidons-nous mutuellement, ayons confiance en nos représentants qui toujours sur la brèche sauront défendre nos intérêts. Soyons toujours en contact avec eux, et qu'à leur tour, ces défenseurs du droit et de l'équité, se rendent bien compte de leur mandat pour le grand bien de notre Algérie, si belle "si grande et si fertile!

Je terminerai par une conclusion qui sera très édifiante en faisant appel aux connaissances et à la justice de chacun. Certes en ce moment du XX° siècle, on suit le progrès de l'ambition.
Nous devrions pourtant nous souvenir d'une belle parole du Maréchal Bugeaud : "Par la charrue ! "
Qui donc a dit : L'agriculture manque de bras ! Un écrivain célèbre a dit aussi: l'instruction rend bête ! Voilà une accusation bien hardie, et cependant toute notre jeunesse veut suivre les cours; tous veulent être quelqu'un, ils échouent très souvent; alors las, ils embrassent une carrière. Les uns sont le bon grain, les autres l'ivraie ! Combien, veulent en montrer à leurs maîtres ! Voilà ce qui les perd, car ceux-là n'ont pas confiance envers leurs enseignants !

Voilà donc pourquoi j'insiste sur le mot confiance. Laissons à leur tâche, nos valeureux représentants, puisque nous la leur accordons. Alors. la jeunesse s'émancipant de jour en jour et comprenant qu'il faut obéir, se ralliera aux sages conseils qu'à nous les vieux on nous a inculqués, et cela pour le développement de l'Algérie, dont nous leur léguons tous nos pouvoirs pour continuer à suivre les sillons que nos charrues ont tracés, et cela sans murmure, sans reproches car ils travailleront pour la prospérité et le grand renom de notre Algérie émule de la: France, la mère Patrie


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