- Citoyen d'Oran et ancien gestionnaire du port d'Oran, je voudrais apporter une contribution à l'article du Quotidien du 22 mars 2022 à propos des possibles intégrations «ville, port» au pan touristique et loisirs d'une marina au port d'Oran !- Souhait certes légitime, plus en vogue dans les modes de vie d'aujourd'hui, faudrait y voir un peu les difficultés, contraintes et conséquences, existantes ou à venir.
- L'histoire et la géographie de la ville, comme du port d'Oran et son mitoyen Mers El Kebir, que notre ami le professeur Sadek Benkada, sociologue et historien a parfaitement décrit dans l'ouvrage «Brève histoire du port d'Oran», en définissent l'aboutissement, avec aussi le long itinéraire social et syndical.
- La réalité géographique et morphologique, à partir du plateau de Sidi M'hamed face à Santa Cruz, traversé par Oued Rouina venant de la ville, avec les eaux souterraines qui peuvent être entendues dans l'un des bassins du port sont la c'est une cuvette plus de 40 mètres plus bas, vis-à-vis du balcon du front de mer construit en 1947 qui se trouve donc entre zone volcanique (sources chaudes vers Kristel) et sismique.
- En mer, Mers Seghir et Mers El Kebir, pour le mouillage comme pour l'accostage et le traitement des cargaisons, les choix dans l'équilibre du binôme « mer-ville » n'ont pu s'établir qu'au fil des décennies depuis les Phéniciens en passant par les Carthaginois, les Grecs, les Romains, les Ottomans, les Espagnols et les Français, avec un « regard attentif » des Anglais depuis Gibraltar !...
- Si Albert Camus pendant son ennui à Oran de ne pouvoir profiter au maximum de la proximité de la mer, cela lui aura surtout permis d'écrire nombre de ces nouvelles, essais et romans qui lui ont valu sa notoriété, avec la période plus que « maussade » qui prévalait !
- Aujourd'hui nos braves armateurs de pêche à Oran, dont l'activité de plus en plus difficile, exercent dans un port de pêche étroit et mitoyen de quai de plaisance de la capitainerie, le tout avec des terre-pleins exigus et une halle à poissons d'un autre temps. L'embryon de l'école de pêche naissante avec feu El Hadj Mustapha Benzaza, ministre de la Pêche à l'époque, s'étant faite difficilement, paix à son âme.
- Les ports de pêche de Bouzedjar et Kristel essayant d'y suppléer et pour répondre à une demande toujours plus grande et insatisfaite, leur case pêcheur et les espaces pour le ramendage des filets étant aussi hélas insuffisants !
- Alors dirons-nous comment cette pêcherie nouvelle version ou cette marina peut-elle être incluse là dedans, là est la question !
- Nos responsables gestionnaires, directeurs d'exécutifs, élus, wali connaissant parfaitement la situation ne pourraient trouver de solution magique ! et fort onéreuse.
- Le fameux « pont de Bahreïn » reliant Oran à son littoral était évoqué un tant soit peut, mais compte tenu des profondeurs marines et des distances, vite oublié, à Bahreïn la mission destination et vocation est trop bien établie… !
- Le port de manière générale dans ses activités vrac, passagers, marchandises générales, conteneurs et services techniques annexes aurait été comme dit l'adage populaire « le légumier qui se nourrit d'épluchures de navet », s'il n'avait pas été difficilement préservé des « entreprises de dépeçage » qui se renouvelaient régulièrement.
- Sérieusement cette question de zone de loisirs avec la mitoyenneté des quartiers Sid El Houari, Scalera, place des Quinconces et surfaces potentiellement porteuses pourrait répondre à ce v?u, avec bien sûr la possibilité d'ouvrir le panorama et la perspective.
Un peu plus chanceuse que Bab Dzira à la pêcherie d'Alger, Bastos que Camus fumait beaucoup pourrait en fait les frais et quelques vieilles bâtisses environnantes à l'abandon, le palais du Bey et la promenade de Létang (dont on retrouve la copie intégrale à Carthagène) pourraient y contribuer positivement. Le port de Gênes en Italie n'étant pas mieux loti, Marseille vieux port chanceuse, avec croisière sur les îles Frioul, bénie par Notre Dame de la Garde.
- En conclusion ces quelques données réelles pourraient permettre de faire avancer une réflexion sérieuse et des propositions raisonnables aux décideurs et non pas ex nihilo faire des projections qui n'aboutissent jamais.
*Ex-président-directeur général de l'Entreprise portuaire d'Oran
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Posté Le : 06/04/2022
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Louhibi Mahmoud
Source : www.lequotidien-oran.com