Le premier geste qu’elle fit, c’était de retirer la table de conférence qui la séparait de l’assistance. Elle a ensuite restructuré l’auditoire en lui donnant une forme plus simple, moins «normalisée», dépourvue de tout point singulier, de tout point saillant: elle s’est refusée la place proéminente qui lui a été réservée en tant que conférencière et a tenu à se confondre, à se mêler aux journalistes. Ce faisant, elle voulait casser la «systématisation», créer un libre échange, permettre par là même le «toucher». Un peu à la façon de Sartre, ou »l’héritier subversif», elle, Annie Cohensolal, l’invitée du Centre culturel français, a opéré, avec douceur et délicatesse, un réaménagement «subversif» du décor, voire de l’ordre du jour. Le CCF n’a pas voulu manquer l’occasion du centenaire de Jean-Paul Sartre (1905-1980), ce grand penseur du 20e siècle et grand défenseur de la révolution algérienne, connu par ses appels à l’insoumission qui irritèrent le Général de Gaulle, pour inviter Annie Cohensolal, docteur ès lettres, professeur à l’Université de Caen, pour parler du grand Sartre. Et qui pouvait raconter Sartre mieux que l’auteur de «Sartre, 1905-1980», «Sartre, un penseur pour le XXIe siècle», «Camus, Sartre et la guerre d’Algérie» et «Jean-Paul Sartre», aux Presses Universitaires de France ?
 «Sartre et Fanon sont, pour moi, indissociables. Le premier est en quelque sorte le porte-voix du second. C’est eux qui m’ont inculquée la culture judéo-arabe. C’est grâce à l’Algérie que je suis devenue anthropologue», s’en réjouit Anne, qui révèle avoir une oeuvre littéraire en gestation, un livre sur la Kahina.
Posté Le : 06/12/2005
Posté par : hichem
Ecrit par : H. Saaïdia
Source : www.quotidien-oran.com