Algérie - Revue de Presse

Oran a besoin d?un centre de biotechnologies


La forte industrialisation des pays du Nord et l?uniformisation de la nature pour répondre à un modèle de consommation soutenu se sont faites au détriment de la biodiversité. Le développement des ressources génétiques se trouve saturé de par la faible biodiversité dans ces pays qui se trouvent contraints de s?ouvrir aux pays du Sud où 90% de la biodiversité mondiale s?y trouve concentrée. Ainsi des partenariats Nord/Sud accrus dans les domaines des sciences de la vie se sont développés. Nos ressources génétiques, essentiellement bactérienne, végétale ou animale, et les savoirs traditionnels qui y sont associés, développés patiemment depuis des générations, font l?objet de partenariat scientifique, certes profitable pour la formation des chercheurs du Sud, mais ces institutions publiques du Nord collectent les données intéressantes qu?ils développent, brevètent et mettent à disposition de leur économie.Bien que la convention de Rio (1992) consacre la souveraineté des Etats sur leurs ressources génétiques, l?Organisation mondiale du commerce universalise le système des brevets sur le vivant. Les produits vivants brevetés seront protégés dans tous les Etats membres de l?OMC.Il faut dire aussi que malgré l?honnêteté intellectuelle de beaucoup de chercheurs partenaires du Nord qui souhaiteraient faire profiter les partenaires du Sud du fruit de la recherche commune, nos chercheurs n?ont ni les moyens, ni un cadre socioéconomique adéquat, ni une politique qui permettrait de développer le produit et le mettre à disposition du développement. Le siècle de la biotechnologie que nous vivons va révolutionner notre mode de consommation. Dans un avenir très proche, il n?est pas étonnant que l?Algérie achète des engrais biologiques adaptés à son sol, brevetés à l?étranger, fabriqués à base de matériel isolé de notre propre sol par nos propres chercheurs. On achèterait des ovins géniteurs de l?étranger, de carte génétique spécifiquement algérienne brevetée à l?étranger, pour la reproduction de la race ovine algérienne, parmi les meilleures, mais qui ne nous appartiendrait plus. Dans un avenir très proche, la médecine prédictive et préventive incitera à la consommation de nouvelles molécules thérapeutiques spécifiques aux populations. Dans le cadre de cette thérapie, on achètera de l?étranger des molécules brevetées, spécifiques à nos populations, élaborées à partir de notre propre patrimoine génétique.La directive européenne de 1998 (98/44/EC) concernant la protection juridique des inventions biotechnologiques autorise à breveter jusqu?à des parties du corps humain. Un brevet américain sur le haricot jaune du Mexique prive ce pays à disposer librement de sa ressource naturelle.Doit-on pour autant, pour nous protéger, nous enfermer et être imperméable à toute collaboration scientifique avec le Nord ? Absolument pas, car la fracture de l?ignorance serait encore plus onéreuse. Il est par contre urgent que nos gouvernants prennent conscience des enjeux immédiats et futurs très proches du rôle des biotechnologies dans le monde et leurs impacts sur la souveraineté nationale. Il est largement admis que la biotechnologie constitue après les technologies de l?information, la prochaine révolution technologique. Il est encore temps d?élaborer une stratégie nationale de développement des biotechnologies si nous ne voulons pas être une simple extension digestive dans ce grand concert scientifique mondial. Ces programmes nationaux ne doivent pas être édictés par des décideurs derrière des bureaux qui, croyant peut-être bien faire, s?inspireront de pays développés ou même émergents, lesquels pays ont axé et construit des programmes autour de systèmes de recherche médicale (cancer, maladies cardiovasculaires, sida...) ou agricole (OGM, alicaments...) ou encore environnementale (biocarburant, réchauffement climatique...), relevant d?une stratégie planétaires globale, nécessitant des moyens faramineux et une maîtrise scientifique pour un aboutissement, certes louable à l?humanité, mais qui n?est pas notre priorité pour ne pas dire qui nous dépasse à l?état actuel des choses.  Passer de la recherche article à la recherche-développement
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