Algérie


Alors que le mélodrame judiciaire qu'a vécu le journaliste arabophone Mohamed Chergui pendant près de deux ans suite à une plainte déposée à son encontre par son ancien journal, El Djoumhouria, qui s'est soldé, le 11 avril dernier, par son acquittement pur et simple, voilà que, contre toute attente, la direction d'El Djoumhouria, non contente de cette décision de justice, a décidé d'interjeter appel près la Cour suprême.Autrement dit, Mohamed Chergui n'en a toujours pas fini avec les tribunaux. Petit rappel des faits : Mohamed Chergui est un ancien journaliste du quotidien étatique arabophone El Djoumhouria, où il dirigeait la rubrique religieuse «Islamiyate». Durant l'été 2014, il avait repris, dans sa rubrique, l'article d'un chercheur européen qui avait pour thème «Les expressions coraniques».Sitôt l'article publié, sa direction, ayant jugé l'article blasphématoire, l'a licencié et, quelques mois après, la mort dans l'âme, Chergui apprend que celle-ci est allée jusqu'à déposer une plainte contre lui. La machine judiciaire est alors enclenchée, et le 24 février 2015, il est condamné, par le tribunal d'Oran, à 3 ans de prison ferme et 200 000 DA d'amende pour «blasphème et atteinte au Prophète».Ceci dit, sa première condamnation a été prononcée par défaut parce qu'il n'était pas présent, ce jour-là, au tribunal. De ce fait, il décide de s'opposer à ce verdict et sa deuxième comparution, qui a souffert de maints reports, s'est finalement soldée, le 27 novembre 2015, par une peine d'une année de prison avec sursis assortie toujours de 200 000 DA.N'en démordant pas, la direction de son ancien journal a fait opposition à ce verdict et Mohamed Chergui a été appelé, une nouvelle fois, à se rendre devant la justice pour répondre des griefs retenus contre lui. Mais finalement, le mois d'avril dernier, le tribunal d'Oran a prononcé son acquittement, et alors qu'il se croit enfin tiré d'affaire, voilà qu'à nouveau, la direction d'El Djoumhouria décide de ne pas lâcher prise et interjette appel près la Cour suprême.Mohamed Chergui n'est donc pas au bout de ses peines. Pour information, en février dernier, Reporter sans frontières avait réclamé la relaxe pour Mohamed Chergui. «La condamnation d'un journaliste à une peine de prison ne peut pas être décemment envisagée, explique le communiqué de RSF. La notion de blasphème ne saurait constituer une exception à la liberté d'expression en général et à la liberté d'informer en particulier.Nous appelons donc les juges de la cour d'appel à innocenter Chergui.» Et de poursuivre : «Selon le Pacte relatif aux droits civils et politiques, les lois sur le blasphème sont prohibées, sauf si elles constituent ??une incitation à la discrimination, à l'hostilité ou à la violence'', ce qui n'est aucunement le cas dans cette affaire.» Et de renchérir en rappelant que «les nouvelles dispositions constitutionnelles algériennes votées le 7 février 2016 prévoient explicitement l'annulation de toute peine privative de liberté à l'encontre des journalistes».




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