Algérie

Opération d'évacuation du Bardo Des sit-in et des contestations



L'opération délocalisation des habitants du lieu-dit «Aïn Askar» dans le quartier du Bardo vient de connaître ses premiers couacs hier samedi, journée très agitée par des mécontentements des habitants qui avaient déposé des recours ainsi que par des sit-in dans les établissements scolaires du quartier. Les premières réactions sont venues des élèves du CEM Omar Ibn El-Khattab et ceux du lycée El-Okbi et de leurs parents qui ont observé un sit-in dans leurs établissements respectifs après avoir constaté que ceux-ci commençaient à être vidés de leurs mobiliers dans la perspective de l'opération évacuation qui s'annonce imminente. Ils ont annoncé publiquement leur intention de s'opposer à l'évacuation car ils n'arrivent pas à comprendre qu'on leur demande de quitter leurs établissements en plein milieu de l'année scolaire. Ceci d'une part. D'autre part, ils affirment qu'ils ne sont pas du tout convaincus des transferts qu'on leur a promis dans les établissements qui vont les accueillir au niveau de la nouvelle ville Ali Mendjeli, lieu de relogement. D'autre part, les élèves habitant l'avenue Aouati Mostefa ou Souika se demandent quel sera leur destin après l'évacuation: seront-ils affectés à l'établissement de leur choix ? Est-il possible qu'ils trouvent des places dans ces établissements ? Autant d'interrogations qui suscitent les plus vives inquiétudes des habitants lesquels ne sont pas du tout rassurés sur leur avenir et celui de leurs enfants qui font face au traumatisme du déracinement avec, en plus, la peur d'être conduits à effectuer un voyage dans l'inconnu à travers cette opération de délocalisation que, selon leurs déclarations, les autorités locales ont mal conçue et mal préparée et qui veulent la mener au pas de charge sans égards pour les habitants qui auront à en subir tous les avatars. Ce sont, à quelques variantes près, les mêmes desiderata exprimés par les requérants qui furent exclus de l'opération relogement. Ces derniers qui n'ont pas baissé les bras depuis plus d'une semaine dans l'espoir que les recours qu'ils avaient introduits connaissent une fin heureuse, ont reçu une autre douche froide en début de journée du samedi quand ils ont constaté que la commission communale de recours n'avait accepté qu'une vingtaine de dossiers parmi les quelque 250 recours introduits. La seconde opération de tirage au sort effectuée dans l'après-midi d'hier dans la salle du complexe culturel Al-Khalifa fut aussi houleuse que la précédente. De nombreux citoyens mécontents se sont présentés à notre bureau pour nous faire part de leurs sentiments et pour dénoncer «tous les travers qu'a connus, selon eux, cette opération dès le début». Pour B.H., les autorités auraient pris à la légère cette opération d'envergure qu'ils ont du mal à maîtriser «parce que, selon lui, elle a provoqué de nombreuses injustices et une certaine anarchie». Selon l'appréciation de notre interlocuteur qui habite depuis longtemps le quartier du Bardo, les listes des bénéficiaires auraient dû être affichées dès le départ. D'autre part, estime-t-il, il aurait été raisonnable d'impliquer des délégués des habitants du quartier dans les commissions de recensement, de désigner, dès le début, des commissions de recours officielles, de porter à la connaissance des habitants du quartier, qui sont concernés au premier chef, les critères ouvrant droit au relogement. «Sur quelles bases ont été établis ceux qui ont servi au choix des bénéficiaires ?», s'est-il demandé. Un autre habitant de Aïn Askar s'est demandé qui se trouve derrière l'anarchie ainsi créée. Il déclare, soutenu par ses camarades, avoir découvert les noms de personnes qui sont propriétaires de logements dans d'autres quartiers. Ces citoyens comptent saisir qui de droit pour demander l'arrêt de l'opération, faire un autre recensement «plus sérieux et, surtout, transparent» pour éviter les litiges et les réclamations. Aussi, les habitants qui résident tout le long de l'avenue Rahmani Achour, indique le groupe de citoyens qui nous a contactés, ne s'opposent nullement à cette opération décidée par les plus hautes autorités du pays et dont la réalisation a été confiée au wali. Ils disent soutenir pleinement le wali et apprécier les efforts que celui-ci ne cesse de déployer dans le cadre de la modernisation de la ville de Constantine, en estimant, toutefois, qu'il est de la plus haute importance que cette opération soit couronnée de succès. Et ce succès, d'après leurs déclarations, ne serait possible que dans la transparence et la justice.


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