Algérie

Openfield : Une «Mama» pas comme les autres



Dans la grande maison de Mohamed Dib, il y a comme quelque chose d'inachevé chez les personnages qui ont campé magistralement leurs rôles respectifs. La figure centrale du roman La Aïni était à  la hauteur de la gent féminine qui animèrent les cours de maison tlemcéniennes. Le prestige dont elle jouit va au-delà d'un folklore traditionnel figé dans le temps. C'était un peu la Mama autour de laquelle a gravité tout l'héritage culturel de la cité. C'était la plus belle des cheikhate qui incarna bonheur et peine d'une période rompue aux sévices du colonialisme et à  la misère. Elle s'invite tout bonnement dans les cœurs pour nous faire revivre l'opulence culturelle des Maâlmate : Aouali Ben Snouci est présente dans la qacidate de Bensahla, superbement interprété par Ghafour «Moulat Es Self Touil». Aujourd'hui, que reste-t-il de cette magnifique tignasse rousse ' Après soixante-dix ans de sa disparition, la venue au monde de ce petit bout de génie appelée reine du genre «Aita» (Complainte ) refait surface dans la mémoire collective. Cette diva du Arubi, Cheikha Aouali, fait partie de ces chantres qui ont marqué la vie artistique algérienne. Elle fut pionnière dans l'instauration du mode «Msamaât» (orchestre féminin) pour déclencher une véritable révolution dans la cour des caciques andalous, réticent à  cette intrusion. Enfant, elle fréquente comme beaucoup de gamins de son âge l'école coranique, à  l'instar de ses compagnes de Fès Rahma et Kaltoum. Deux écoles qui convergent dans un mode maghrebin  dans cet idyllique combat. Elle apprend la poésie  auprès de Cheikh El Iraqi et Hadj Mohamed. Comme dans les grands feuilletons du XVIIIe siècle, elle fut prise en charge par Moulay Ahmed Medeghri dit Serfaqo, barbier musicien et poète. C'est un peu Romeo et Juliette qui s'installent dans cette romantique réunion.  C'est en 1910 qu'elle se produit pour la première fois en public, lors d'une fête foraine, Aouali joue au sein de l'orchestre de Braham Bou tboul, musicien de confession juive. Et c'est le départ d'une longue carrière. Après de tumultueuses relations avec les notables de Tlemcen, et son exil à  Fès, elle reprend contact avec le maître du Hawzi Abdelkrim Dali pour interpréter «Aziz El Wissal ». Sa venue à  Alger, aux côtés de Reinette Daoud, Meriem Fekai sonna le glas d'une long carrière inachevée par une complainte de Lakhdar Ben Khlouf «Chehal Eucht Laben Tendem» (Après la belle vie, c'est le temps des regrets)…


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