Open field : Cordon bleu

La senteur du cuir nous ramène dans le passé lointain des babouches. A mille lieux de notre époque, la ville de Tlemcen a respiré de tous ses poumons la bonne santé artisanale que lui prodigue la tannerie. Qui mieux qu’un babouchier de cette ville pour confectionner les plus belles paires de chaussures tressées de fil d’or. Un travail d’orfèvrerie qui relève de la magie. Au fil des siècles, le traitement du cuir est devenu la botte secrète qui définit le rang de ces artistes de l’ombre. Ils sont tous marqués par l’instinct de conservation pour transmettre leur savoir-faire de père en fils dans le respect de «l’ordre des tanneurs» créé dans une mouvance culturelle, les premiers rescapés de la reconquista.  L’histoire retient tout le faste d’un passé entre les mains du Kharaz (cordonnier), cet incontournable personnage nous revient dans les méandres de la mémoire réoccuper la scène socio-culturelle. Il n’a de cesse animé par ses doigts habiles, de longues exhibitions devant son trench. Martelant un morceau de cuir pour lui redonner vie, il apprivoise une matière morte ; lui donnant forme grâce à sa créativité. La peau trempée dans un bain de teinture, séchée, tannée redevient produit semi-fini pour atterrir chez l’artiste. Dans le mot cordonnier, il y a forcément  le mot «Cordoue» d’où la beauté de ce noble métier. Le monde ne jure que par sa peau, lui, le trappeur de toutes les bêtes sur qui il mise déjà sa fresque pour créer la meilleure paire.  Même le chat botté de Charles Perrault y est pour quelque chose dans cette grande romance où il fait bon vivre  la noblesse des arts et métiers. En poussant plus lui loin, il y a le cordon bleu des «Chefs» pour honorer la classe gastronomique.  Dans tout l’ouvrage du cuir, il y a le cordon pour répondre au label d’une pointure aux pieds de fée….