Algérie - Revue de Presse

Peut-on mener la lutte contre la corruption en se passant de l?impérative obligation de la transparence ? Nos parlementaires, en se montrant dans leur grande majorité hostiles à la déclaration du patrimoine, ont apporté une réponse à leur manière à cette question qui revient à chaque fois sur le tapis, mais sans résultat. Ils ont surtout démontré qu?entre l?intention et le passage à l?acte, il existe une sorte de limite rouge dans notre système de gouvernance que les dirigeants politiques n?ont ni la volonté ni le courage de franchir pour être en concordance avec leurs propres engagements. C?est quoi une déclaration du patrimoine sinon la preuve par quatre que l?on n?a rien à cacher au peuple. Si fortune il y a, car c?est la clé du mystère, il faut la rendre publique quand elle est honnêtement et normalement acquise. Ceux qui refusent de s?astreindre à cette règle laissent donc planer le doute sur leurs biens. Et on sait comment la rue s?empare d?un tel sujet et la traduction qu?elle en fait. Des élus qui optent pour l?opacité, c?est automatiquement un comportement qui ouvre la porte à toutes les suppositions, aux élucubrations les plus farfelues. On se rappelle d?ailleurs fort bien les critiques acerbes qui avaient suivi, à l?époque, l?annonce des salaires et rémunérations des députés jugés par les Algériens trop excessifs, voire démesurés. Un tollé de dénonciation avait été dirigé contre l?auguste enceinte de la rue Zighoud Youcef pour signifier aux parlementaires qu?ils étaient là pour servir le peuple et non pour se servir. Depuis, tout se normalisa. Les locataires des deux Chambres ont laissé passer les clameurs avant de s?installer dans leur petit confort. L?argent du contribuable qui sert au versement de leurs indemnités, conservées en l?état et adoptées sans aucun scrupule, est donc considéré comme une source de financement sur laquelle ne devrait pas planer la moindre équivoque. C?est aussi un état d?esprit qui s?est confondu avec la fonction, la rendant plus matérialiste au détriment de sa dimension naturelle de service public. Aujourd?hui, dans un système de rente qui ne peut survivre sans cette relation corrupteurs-corrompus, nos Assemblées ont du mal à trouver leurs repères. On ne sait pas si en refusant de faire étalage des biens appartenant aux députés et aux sénateurs, elles prennent conscience qu?elles sont en train de défendre et renforcer ce système rentier qui transcende toutes les motivations politiques. A bien des égards, en demeurant à la traîne de l?Exécutif alors qu?ils ont pour rôle de le contrôler dans son action, nos parlementaires portent une atteinte à leurs prérogatives et leurs responsabilités et, ce qui est encore plus grave, entachent la confiance que leur a accordée le peuple qui les a choisis. L?Algérie est peut-être le seul pays au monde où des Assemblées élues n?ont aucune influence sur l?évolution des affaires de l?Etat, sinon celle de dire oui à tout ce qu?on lui propose. Des chambres d?enregistrement qui méritent leur titre et qui de surcroît sont coûteuses au Trésor public puisque le silence est grassement payé. Combien ? Personne ne doit le savoir...
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