Algérie

One man show / «Jeunesse en état d'urgence» «Pour casser les tabous»



One man show / «Jeunesse en état d'urgence» «Pour casser les tabous»
Humour - Il est jeune, il est beau, drôle et surtout talentueux. Lui, c'est Idir Benaïchouche, jeune comédien.
Il s'est illustré à travers Jeunesse en état d'urgence, un one man show dont il est l'auteur, présenté, hier, à l'espace Plasti. Dans un décor nu, le comédien occupe la scène avec grâce ; et d'un personnage à un autre, il raconte un vécu social pesant avec ses contradictions, ses tabous et ses valeurs inversées.
Utilisant l'humour noir pour décrire l'amertume et le désarroi, on y découvre un texte fort marqué par un enchaînement de scènes et de personnages comiques pour illustrer l'existence d'une génération en état d'urgence.
Jeunesse en état d'urgence est l'histoire du jeune Idir Benaïchouche qui invente une certaine danse appelée «Etat d'urgence». C'est un mélange de différentes danses folkloriques de notre terroir bien assemblées pour arriver à une danse nouvelle dans un esprit de «concorde nationale».
D'autres personnages se succèdent pour décrire cet univers accablant, entre des parents incarnant l'esprit archaïque de l'éducation et d'autres personnifiant des caractères absurdes, qui, au départ, sont victimes d'un système politique oppressant et, par la force des choses, ils deviennent des éléments assurant la survie de ce système. C'est le cas de «Nazim suppositoire», personnage désespérant ne tenant que le mot «et après» pour répondre à ses interlocuteurs, d'un cynisme méprisant. Il traite son entourage avec un sadisme «clément», juste pour assouvir un sentiment revanchard sur autrui. On lui conseille «le raki» (l'exorciste) ; celui-ci n'y peut rien, finalement «Nazim suppositoire» est pareil à ses 40 millions de concitoyens qui souffrent d'un mal désespéré.
Génération désemparée, l'espoir devient impossible, peut-être parce que «l'espoir n'est pas algérien», affirme le personnage. Alors, on fuit la réalité, on s'affranchit de l'état d'urgence pour passer à l'état de sommeil où le rêve est aussi interdit, d'ailleurs c'est un délit, seul le cauchemar est autorisé.
Finalement, seule la fuite est le salut espéré.
La situation est très complexe et l'issue paraît lointaine. On décide comme ultime chance de tenir un conseil de la dernière solution, présidé par un chômeur de luxe, Bachir Berouis, qui encadre un conseil de sages et chacun explique l'échec de toute une nation, mais en fait c'est l'échec de tout un chacun, qu'on aura à exposer.
La femme est aussi présente dans ce système d'hommes. Elle est «la femme debout», on se permet de lui donner la parole puisque c'est une personnalité recommandée. C'est Khadidja Monti qui prendra le relais pour contribuer à l'enrichissement du débat. Elle représente l'évolution de la culture.
Le spectacle prend fin pour laisser la pensée libre pour interpréter la débâcle culturelle et sociale.
Dans ce monologue qui sera rejoué ce samedi 6 avril à la salle El-Mougar, Idir Benaïchouche révèle la naissance d'une nouvelle génération du monde du spectacle. Elle marque sa démarcation de ses prédécesseurs. Elle exprime le refus du vécu imposé et affiche clairement et avec une audace assumée les contradictions et les tabous d'une société qui se cache derrière un voile vicieux et hypocrite.


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