Algérie

"On veut faire peur aux Algériens"



Le défilé islamiste qui a marqué, samedi dernier, les funérailles de l'ex-chef du FIS, Abassi Madani, a été largement commenté lors du 10e rassemblement antisystème, tenu par la diaspora algérienne place de la République, à Paris. Dans des prises de parole improvisées par le Collectif Debout l'Algérie (une des associations organisatrices de la manifestation), des expatriés ont dénoncé une tentative du pouvoir d'exhumer le spectre de la décennie noire pour faire peur aux Algériens et les pousser à abandonner la lutte pour le changement de régime."Ceux qui avaient chassé Abassi Madani vers le Qatar ont bizarrement accepté qu'il soit enterré en Algérie. La procession qui a suivi son cercueil jusqu'au cimetière n'a pas été dérangée par les forces de l'ordre. Tout cela sent la manipulation", a déploré un manifestant, expliquant que le pouvoir est en train d'agiter l'épouvantail islamiste pour faire avorter la révolution du peuple. "Nous ne devons pas nous laisser berner. Le FIS appartient au passé. C'est un des produits du système que nous combattons aujourd'hui", a renchéri un autre individu dans la foule, révélant qu'il fait partie de la génération sacrifiée des années 1990. "Le pouvoir et les islamistes nous ont contraints à l'exil. Mais je suis content de voir que l'espoir renaît. Notre jeunesse est vigilante. Elle se bat pour la démocratie et personne ne pourra la détourner de sa mission", s'est-il réjoui. Comme à l'accoutumée, beaucoup de jeunes étaient présents au rassemblement de la place de la République. Ils ont vibré sur l'air de slogans hostiles au régime, radicaux et obstinés. "Au-delà des personnes, c'est un appareil qu'il faut démanteler.La nouvelle république à laquelle nous aspirons doit marquer une rupture avec les anciennes pratiques", a préconisé une étudiante qui a pris le micro devant des dizaines de compatriotes. Un de ses camarades, qui lui a succédé, a exhorté les Algériens à ne pas baisser les bras. "Nous ne devons pas nous laisser emporter par le défaitisme. La révolution ne se fait pas en dix semaines", a-t-il dit, rappelant que les Algériens ont enduré sept ans de guerre pour vaincre le colonialisme français et arracher leur indépendance.
Pour se donner du courage, certains n'ont pas hésité à reprendre en ch?ur des chants patriotiques diffusés en boucle par une sono. L'émotion était particulièrement palpable sur le visage d'un couple de vieux émigrés qui ont quitté l'Algérie dans les années 70. "Nous y retournons chaque année mais l'état du pays nous chagrine à chaque fois", a précisé le mari qui s'est élevé contre un système de rapine consolidé, au fil des décennies, pour appauvrir le peuple."Ils font semblant maintenant de lutter contre la corruption, alors qu'ils l'ont institutionnalisée et en ont largement profité", a-t-il ajouté. Dans la foule des manifestants, beaucoup ont d'ailleurs dénoncé la soi-disant opération mains propres engagée par le pouvoir. "Il faut que de nouvelles institutions soient mises en place et une véritable justice indépendante pour juger les dossiers de la corruption", a estimé l'un d'eux.

S. L.-K.


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