On se dirige vers l?ajournement ?
La campagne électorale en vue des législatives palestiniennes prévues pour le 25 janvier vient d?être lancée, hier, dans une atmosphère de doute quant à leur tenue, car beaucoup de facteurs peuvent entraver cet important processus démocratique. En premier lieu, la situation sécuritaire que vivent les territoires occupés, surtout la bande de Ghaza, où éclosent des groupuscules armés incontrôlables, capables de saboter le scrutin, soit en attaquant directement les centres de vote le jour J ou bien en accentuant la sensation d?insécurité qui règne dans les territoires, surtout dans la bande de Ghaza, par des enlèvements d?étrangers, comme ce fut le cas, à plusieurs reprises, durant les dernières semaines. Dans ce cas, on pense surtout aux membres de la délégation européenne chargée par l?Union européenne(UE) de la supervision de ces élections. 36 observateurs européens ,chargés de cette mission se sont déjà déployés dans les principales villes palestiniennes. Le chef de la mission d?observation européenne, la députée belge au Parlement européen, Véronique de Keyser, a indiqué qu?elle procédait à des examens réguliers de la situation sécuritaire et que deux équipes devaient se rendre à Ghaza. « Nous vérifions la situation heure par heure. Nous n?enverrons jamais en mission des gens sans expérience », a-t-elle affirmé. « Ils obéissent à de strictes consignes de sécurité et nous prenons toutes les précautions sécuritaires requises, mais le risque zéro n?existe pas », a poursuivi Mme de Keyser, dont l?équipe doit compter à terme pas moins de 172 observateurs. Deux équipes comptant chacune deux observateurs sont parties pour Ghaza. L?un d?eux est Hanna Wolasiewicz, une juge polonaise qui a déjà supervisé des élections en Afghanistan, en Ethiopie et au Sri Lanka. « Je ne suis pas du genre à me laisser facilement intimider par les menaces. Je suivrai les consignes de sécurité et j?espère que tout se passera bien », dit-elle. Dans ce cas, si l?autorité palestinienne est vraiment désireuse de contribuer au succès de ces élections, des mesures sécuritaires draconiennes doivent être prises afin de garantir la sécurité pour tous à travers les territoires. Cette anarchie et cette atmosphère d?insécurité ont d?ailleurs poussé beaucoup de responsables palestiniens au pouvoir, appartenant au mouvement Fatah, à demander l?ajournement ou même l?annulation de ce rendez-vous électoral. Ce qui pourrait, en second lieu, entraver la tenue de ces législatives serait une escalade militaire importante de l?occupant israélien. Les responsables israéliens, dont le ministre de la Défense Shaoul Mofaz, n?excluent pas une opération militaire d?envergure, surtout dans la bande de Ghaza. Mofaz aurait même approuvé certains plans visant la réoccupation directe par l?armée israélienne de certaines zones de la bande de Ghaza, sous le prétexte de mettre un terme aux tirs de roquettes artisanales contre son territoire. L?armée israélienne s?est retirée de la bande de Ghaza en septembre dernier après une occupation de plus de 38 ans. Israël qui a tout fait pour affaiblir l?autorité palestinienne, en détruisant l?infrastructure de base de ses services sécuritaires, porte aussi une grande responsabilité dans la situation chaotique des territoires palestiniens. Le dernier cas de figure qui peut enfin pousser le président palestinien, pourtant fervent défenseur de la tenue des législatives à la date prévue, à les ajourner serait l?interdiction par Israël de la tenue de ces élections dans la ville sainte d?Al Qods. « Nous sommes tous d?accord pour dire qu?Al Qods doit être comprise dans les élections », a-t-il déclaré depuis le Qatar, où il effectue une visite officielle, des propos retransmis par la chaîne satellitaire Al Jazira. « Si Al Qods n?en fait pas partie, toutes les factions sont d?accord pour dire qu?il ne doit pas y avoir d?élections. » Lundi, la police israélienne a dispersé une réunion électorale du Fatah à Jérusalem-est, considérant sa tenue « illégale ». Tout porte à croire qu?Israël fera tout pour empêcher les habitants de la ville sainte de voter le 25 janvier. Sur le terrain, enfin, Israël poursuit sans relâche sa politique répressive. Deux militants du Djihad islamique ont été tués dans l?explosion de leur véhicule, lundi soir ,au nord de Ghaza, par une roquette tirée à partir d?un avion israélien. Un troisième homme qui les accompagnait ainsi que deux passants ont été grièvement blessés par les éclats. Avec l?annonce de la fin de la trêve proclamée par les mouvements armés palestiniens, les prochains jours risquent d?être très chauds dans les territoires et, ce, malgré le froid de l?hiver.
Posté Le : 04/01/2006
Posté par : sofiane
Ecrit par : Fares Chahine
Source : www.elwatan.com