Alors que l'Algérie réussit «l'exploit», que l'on croyait révolu à
jamais, de s'autosuffire en matière de production de céréales, la décision
prise dernièrement par les pouvoirs publics concernant la taxation du blé
importé a suscité un intérêt accru chez les gens de la profession. En effet,
protéger la production des céréaliers algériens, puisque là semble être
l'objectif visé par le gouvernement algérien, la décision de taxer le blé dur
d'importation devrait à coup sûr lutter contre la désorganisation d'un secteur
aussi stratégique que directement lié à la facture alimentaire, mais aussi
combattre la concurrence déloyale faite aux agriculteurs nationaux par les faux
fellahs et autres spéculateurs «incrustés» dans la profession qui s'accaparent
du blé panifiable, destiné initialement aux minoteries puis aux boulangeries,
pour le revendre au même prix avantageux aux CCLS que le blé dur de production
locale.
Le fait que l'Algérie n'importera pas de céréales en 2010, la première
fois depuis très longtemps avec une couverture des besoins nationaux pendant
deux années, est en soi la meilleure nouvelle qu'il nous soit donné d'entendre,
d'autant que la taxation du blé dur et tendre importés va encore booster
davantage la filière céréales qui bénéficie d'un soutien accru et efficient de
la part du gouvernement. La mesure a, aussi, pour objectif d'inciter les
transformateurs de céréales à se rabattre sur les blés produits localement, la
politique de stimulation de la filière céréales consistant en elle-même en un
alignement des prix locaux sur ceux des cours mondiaux avec un prix de
régulation de 350 dollars la tonne.
Mais selon les professionnels du
secteur, la grande inconnue reste, malgré les mesures encourageantes prises par
les autorités algériennes, de savoir si la «mentalité» des industriels
algériens va s'adapter dans le sens de la préférence nationale, autrement dit
acheter, produire et vendre algérien.
Sur un autre registre tout aussi
important, et malgré les mesures prises par les autorités concernées pour
permettre aux fellahs de livrer leurs productions de céréales avant le mois de
ramadhan, des chaînes interminables continuent à être observées au niveau de
plusieurs points de collecte, ouverts par les coopératives des céréales et
légumes secs (CCLS). C'est le cas par exemple dans la wilaya de Tiaret où des céréaliculteurs
continuent à faire le pied de grue devant les CCLS, parfois jusqu'à une semaine
entière comme c'est le cas pour Rahouia ou Djillali Benamar, au nord de la
wilaya. A Tiaret-ville, des hangars désaffectés, relevant d'une entreprise
dissoute au niveau de la zone industrielle, ont été ouverts pour engranger le
blé dont une grande quantité a été dégradée à cause d'une toiture non étanche.
A aujourd'hui, plus de quatre
millions de quintaux de céréales, toutes spéculations confondues, ont déjà été
engrangés, même si le phénomène de la triche fait douter sur la qualité du blé
livré. Au début de la campagne moissons-battage, deux fellahs ont été
«épinglés» après avoir livré du blé dur local, mélangé au blé d'importation. La
combine, très connue dans le milieu, consiste à acheter du blé panifiable
d'importation au marché parallèle moyennant la somme de 2.600 dinars le quintal
pour le revendre «sans frais» aux CCLS contre le prix de 4.500 dinars le
quintal. Et c'est pour cette même raison justement que le gouvernement vient de
décider de taxer le blé d'importation à partir de septembre prochain. D'autres
pseudo-fellahs, plus rusés encore, livrent du blé de production local mélangé
au maïs concassé pour tricher sur le poids et «engranger» plus d'argent.
Pour la deuxième année
consécutive, la capitale du Sersou, considérée à juste titre comme le grenier à
blé de tout le pays, s'apprête à une récolte record de près de cinq millions de
quintaux, permettant, avec d'autres régions céréalières, une autosuffisance en
matière de céréales pour la première fois depuis très longtemps. La wilaya de
Tiaret, avec un rendement de près de cinquante quintaux à l'hectare, se
prépare, pour la deuxième année consécutive, à exporter de l'orge de premier
choix. L'année dernière, une quantité de mille quintaux avait été exportée par
le truchement de l'OAIC vers des pays du Golfe.
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Posté Le : 08/08/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : El-Houari Dilmi
Source : www.lequotidien-oran.com