Algérie

«On perçoit mieux les détails quand on utilise la couleur»


«On perçoit mieux les détails quand on utilise la couleur»
-Comment expliquez-vous cet intérêt pour la photographie algérienne ' Avant de revenir sur la genèse de mon parcours, je commencerai par mon enfance. Nous avions à  la maison, dans les années 1950, un téléviseur qui diffusait des images magiques. J'étais  un petit garçon fasciné  et accro à  télé. J'ai vu les premières images relatives à  la guerre d'Algérie. A l'époque, je ne comprenais pas la portée et la signification de l'OAS et du FLN. L'Algérie est restée un pays qui m'a toujours intéressé et passionné à  un très haut degré. Je ne vous cacherai pas que le premier film en noir et blanc que j'ai vu  durant mon enfance était autour de la guerre de l'indépendance de l'Algérie et les images sont toujours restées dans ma mémoire, d'où l'intérêt que je porte à  l'Algérie, où les cultures se sont toujours croisées. En novembre 2010, j'ai été invité en Algérie  dans le cadre d'une résidence artistique organisée par la délégation de l'Union européenne en Algérie à  la Villa Abdellatif. Nous n'avions pas eu beaucoup de temps, en quatre jours, de réaliser notre projet. Cependant, je pense que je me suis bien débrouillé, ainsi que mes amis, lors de cette résidence consacrée à  la photographie. A l'issue de cette résidence, j'ai réfléchi à  ce que je pourrai faire sérieusement. Je suis tombé sur  la cité de Diar El Mahçoul,  à  Salembier, à  Alger. Une cité construite par l'architecte Fernand Pouillon. Un nom que je connaissais de réputation. Je savais qu'il avait réalisé plusieurs constructions dans le monde, entre autres en Algérie et en Autriche.
J' ai été logé juste à  côté de cette cité.  Diar El Mahçoul a été un prétexte. J'ai  pris tout mon temps pour réaliser une série de clichés dans ce quartier populaire. -Lors de cette résidence, combien de clichés avez-vous réalisé exactement ' Honnêtement, pas beaucoup. Dans le recueil de photographies sur le quartier de Diar El Mahçoul, qui est paru en septembre dernier en Autriche, je n'ai livré que la moitié des prises de vue. J'ai parcouru à  pied ce quartier. J'ai eu une autorisation pour photographier.  C'était un travail intense, mais ce n'était pas la fin de ce projet. En janvier dernier en Autriche, j'ai suivi avec une grande attention les événements qui se sont produits en Tunisie et en Egypte. Alors, je me suis demandé qu'est-ce qui allait se passer en Algérie ' Je me suis abonné au newsletter du quotidien algérien El Watan. C'est en parcourant cette presse nationale que j'ai eu vent des émeutes qui se sont déroulées à  Diar El Mahçoul sur le relogement. C'est là que j'ai décidé de consacrer un recueil sur Diar El Mahçoul. J'ai pris tous les articles de presse sur cette histoire de relogement en PDF sur mon écran. Je l'ai pris à  un millimètre de mon écran. De cette distance, on  peut identifier quelques termes, tels que protesta et promesse. C'est une métaphore. C'est un moucharabieh. C'est la fenêtre qui divise l'architecture traditionnelle arabe privée et publique. J'ai mêlé l'architecture et la revendication sociale. A travers la photographie, je révèle des évidences, des choses qui m'intéressent. Ensuite, je les mets en rapport avec d'autres choses pour une signifiance que je trouve après. Quand je suis sur place, je trouve beaucoup de choses significatives, mais la partie la plus importante vient  toujours après. -Durant votre reportage, qu'est-ce qui vous a marqué à  Diar El Mahçoul, au-delà de l'architecture ' Avant de répondre à  cette question, je pense que ce livre est un hommage poignant aux habitants de cette cité populaire. Le monde entier s'est intéressé et s'est passionné pour le printemps arabe. Les émeutes de Diar El Mahçoul est un petit éveil. C'est un hommage. Il s'agit d'une idée universelle. Je pense qu'il faut partager des choses avec le monde, dont le logement social. Ce sont  les mêmes revendications partout dans le monde. A travers ce travail, j'ai voulu mettre au premier plan l'aspect architectural de la cité qui remonte aux années 1950 et, en même temps, soulever les revendications sociales de ses habitants. -Vous avez privilégié la couleur plutôt que  le noir et blanc... Je n'ai pas trouvé de raison pour faire mes photos en noir et blanc. Mes photos sont truffées de détails. Cela dépend, en fait, de l'appareil que j'ai utilisé. Il y a beaucoup de pixels et de détails. On voit mieux les détails quand on utilise la couleur. Les photographies en couleur représentant la vie quotidienne et  ordinaire des habitants, empreinte de sérénité et de calme, sont par contre accompagnées  d'extraits d'articles de presse pris du quotidien El Watan sur les émeutes survenues à Â  Diar El Mahçoul en mars dernier, pour des raisons liées à  la crise du logement et le surpeuplement de la cité.           -Il est regrettable de constater que votre recueil de photographies ne sera pas distribué dans le réseau des libraires algériens, alors qu'il est en vente dans votre pays, en Autriche... J'aime bien faire les choses pour moi-même. Il y a un  public pour l'art de la photographie en Europe ou ailleurs. Il est vrai que ce recueil a été édité en septembre dernier en Autriche. Sa vente, ici, en Algérie, ne m'intéresse pas. Le plus important pour moi était de le présenter à  Alger à  la presse nationale. On pourrait se demander comment  un Autrichien comme moi s'est intéressé à  la thématique de Diar El Mahçoul, et que va-t-il faire  de ce recueil ' A travers mon travail, je suis venu donner quelque chose aux habitants de Diar El Mahçoul. -Avez-vous effectué ce genre de  reportage  dans d'autres pays ' Oui, tout à  fait. J'ai déjà effectué ce genre de concept avec d'autres pays. J'ai à  mon actif des publications sur des impressions d'Afrique, de Côte d'Ivoire, du Burkina Faso,  de Paris et d'Autriche. Le monde entier est influencé par l'Afrique. Nous partageons tout. Les Européens ont pris beaucoup de choses de l'Afrique en donnant une touche de modernisme. -Avez-vous d'autres projets en perspective en direction de l'Algérie ' J'espère revenir en Algérie. J'y suis venu déjà deux fois. Lors de mon deuxième séjour, j'y suis resté six semaines, et j'ai eu l'opportunité de connaître plus profondément votre pays. J'ai un point de vue plus critique sur l'Algérie. J'ai bien envie de revenir une troisième fois pour entreprendre un autre projet. Il faut rappeler que j'ai participé récemment à  la Semaine culturelle de mon  pays dans le cadre de la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011», avec des photographies sur l'Islam en Autriche.  
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