Quand Kamel Nafa est arrivé en Algérie, dans les années 70, c’était par
choix. Militant d’extrême gauche, il est venu participer à la construction
d’un mouvement révolutionnaire dont il pensait que c’était une pierre
ajoutée au grand édifice de la révolution mondiale. Il savait que son poste
d’enseignant dans un collège de Kabylie n’était le grand champ de la
révolution, mais il s’est attelé à sa tâche avec le bon sens paysan qu’il a
hérité de ses parents. Il avait cette grande force tranquille de ceux qui
savent que les grandes choses se construisent lentement et dans la lignée
de ce qu’il avait appris auprès de ses camarades militants, un héritage
jaurésien qui fait que le « courage, c’est d’aller à l’idéal et de comprendre
le réel ; c’est d’agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle
récompense réserve à notre effort l’univers profond, ni s’il lui réserve une
récompense ». Sa « récompense » a été, à la fin des années 70, un long
séjour à Berrouaghia, pour atteinte à la sureté de l’Etat. À une époque où
les militants étaient dans un isolement total et quand le couperet tombait,
ils savaient que leur cause restait inconnue du grand public et qu’aucun
mouvement populaire ne se mobiliserait pour les défendre.
À sa sortie de prison, il a continué ses études et gardé un attachement
sincère à toutes les causes justes. Éloigné du terrain des luttes directes, il
est tout de même resté fidèle à ses convictions et au coeur d’une action qui
travaillait à créer et entretenir des « lieux de brillance », comme il aimait
à le dire, et à agir en porteur de lumière.
Abstract
When Kamel Nafa arrived in Algeria in the seventies, he had made a
willful choice. As a far-left activist, he came to make his contribution to
the building of a local revolutionary movement and by so doing add a
brick to the global revolution. He was aware that the middle school where
he got a job as a teacher was not a glorious field to start a revolution but
he coped with his mission with the good country sense he inherited from
his parents. Besides he shared the wisdom of those great men who were
true to the word of Jaures: «Courage (...) is reaching for an ideal and
understanding what is real; it is acting without knowing what reward
this profound universe will reserve for our efforts, not even if any reward will be given» and who believed that the biggest achievements cannot
but come slowly. His own «reward» was a long stay in jail at Berrouaghia
in the late seventies for offence against national security. At that time
political activists were totally isolated and when the ax would fall they
knew their actions would remain unheard of and that there would be no
popular uprising to defend them. After coming out of prison he carried
on with his studies but he always stayed a true supporter of just causes; he
created and contributed to the existence of what he liked to call «bright
places», acting as a light bearer.
الملخص
عندما َ ق ِ دم كمال نافع إلى الجزائر في سنوات السبعينات، فإنه
قدم باختياره. كان يعلم أن منصبه في التعليم في مدرسة قبائلية هو
المجال الأكبر للثورة، لكنه كان يمارس وظيفته بشعور جميل مع
الفلاحين ، هذا الشعور الذي ورثه من والديه. عند خروجه من
السجن، واصل دراساته، واهتم أكثر بالكفاح المباشر، وبقي وفيا
دائما لمبادئه وأهدافه ولجوهر الفعل الذي سعى من أجله، لخلق جو
يناسب ازدهار الفكر.
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Posté Le : 18/09/2021
Posté par : einstein
Ecrit par : - Benmerad Said
Source : Aleph Volume 1, Numéro 2, Pages 89-103