Liberté : Le gouvernement a décidé de réduire de 50% le budget de fonctionnement hors salaires à l'issue du Conseil des ministres de dimanche dernier. Or, les dépenses de fonctionnement hors salaires comprennent aussi le soutien et la contribution de l'Etat au bénéfice de plusieurs organismes et institutions, dont les établissements hospitaliers et les Epst, l'Onil, les Epic, le fonds des collectivités locales, l'intervention économique de l'Etat, etc. N'est-ce pas que ces contributions sont aussi incompressibles que la masse salariale 'Brahim Guendouzi : La réduction de 50% du budget de fonctionnement hors salaires constitue une mesure d'austérité surprise qui s'impose à l'ensemble des administrations et institutions de l'Etat quelles qu'elles soient. C'est vrai qu'il fallait réduire le train de vie de l'Etat, mais on ne s'attendait pas à un niveau de coupe aussi élevé. Une connaissance fine de la structure des dépenses publiques par département ministériel peut déterminer dans le détail les rubriques qui ne seront pas dotées financièrement, en guise d'économie.
Ce travail a-t-il été fait dans un esprit de rationalisation des dépenses ou bien l'on se contentera juste de faire des coupes budgétaires sur un ensemble d'organismes publics dont on voudrait limiter les activités ' C'est autant de questions qui se posent car nous ne disposons pas encore de détails sur la structure des dépenses retenues pour pouvoir tirer des conclusions.
Toutefois, on peut identifier déjà quelques aspects sur lesquels porteront les réductions. Il y a en premier lieu une susceptible diminution de la dotation de la rubrique "charges communes", qui représentent près de 10% du budget de fonctionnement. En second lieu, une annulation s'impose de dépenses programmées mais qui n'ont pas pu être réalisées pour des raisons liées à la crise sanitaire et au confinement et ce, dans plusieurs ministères.
Il peut y avoir gel des recrutements et le non-remplacement des départs à la retraite. Enfin, de nombreuses contributions de l'Etat dans divers organismes publics peuvent faire l'objet d'une réduction, voire d'une annulation.
En revanche, on ne risque pas de toucher au fonds des collectivités locales tant les besoins de financement des communes sont importants. Au contraire, il y a lieu de favoriser les dotations des communes dont près de 900 sont déshéritées (communes des zones de montagne, des Hauts-Plateaux et du Sud). Dans tous les cas, il va y avoir amenuisement de l'action étatique qui sera peut-être le prélude à une réforme dans les dépenses publiques.
Dans le budget de fonctionnement qui fera l'objet d'une opération de rabotage figure aussi l'intervention sociale de l'Etat à travers, essentiellement, la prise en charge de certaines dépenses de la CNR, le soutien à l'emploi et aux dispositifs d'insertion. Quels sont les risques d'un retrait de l'Etat de ce poste de dépenses '
Dans la structure du budget de fonctionnement il y a un aspect essentiel, celui des transferts sociaux représentant près de 20% du total et 8% du PIB. Ils se rapportent essentiellement à toutes les aides accordées par l'Etat, y compris les multiples subventions accordées aux producteurs et aux consommateurs. Il se pourrait que certaines de ces dépenses consacrées habituellement à l'action sociale et au développement humain fassent l'objet d'une réduction.
Les dispositifs de soutien à l'emploi seront probablement intégrés au mécanisme "Restart" qui encourage les start-up et qui disposeront de financements spécifiques par des organismes spécialisés dans le cadre du capital-investissement. Par contre, le déficit de la CNR, qui est de l'ordre de 700 milliards de dinars, source de préoccupation, reste normalement supporté par le Trésor. Mais des solutions doivent être envisagées à moyen terme pour éviter que le système de retraite soit encore dans une situation de totale dépendance.
Plus globalement, quelle est la marge de man?uvre du gouvernement dans ce coup de rabotage qui toucherait le budget de fonctionnement hors salaires '
Le gouvernement va privilégier des arbitrages globaux visant en premier lieu les missions régaliennes de l'Etat, en second lieu la cohésion sociale, en attentant l'introduction des réformes du système des subventions systématiques et, enfin, la modernisation de l'administration pour un meilleur service public. Pour cette année 2020, il y a une priorité absolue, celle du secteur de la santé, qui nécessite des ressources financières considérables pour la prise en charge de l'ensemble des établissements de santé en termes de frais liés aux soins, à la mortalité et à la morbidité, aux mesures de protection, à la réorganisation, au renforcement en personnels, etc.
Aussi, l'effort financier doit être soutenu dans le temps du fait de l'ampleur de la pandémie, imposant une vigilance accrue qui va au-delà du très court terme. Sinon, la volonté des pouvoirs publics est certes dans la rationalisation des dépenses publiques tant la situation économique et sociale est exceptionnelle, mais la préoccupation est surtout par rapport au niveau faible des recettes à engranger. D'où des actions attendues en matière de fiscalité, de relance de l'investissement ainsi que du financement du déficit budgétaire.
Le gouvernement est ainsi contraint à réussir la relance de l'activité économique et à mettre l'économie algérienne dans une trajectoire de croissance économique. Un véritable défi dans cette conjoncture particulière liée à la pandémie de coronavirus.
Propos recueillis par : Ali Titouche
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Posté Le : 07/05/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ali TITOUCHE
Source : www.liberte-algerie.com