Algérie

"On ne résout pas les problèmes avec ceux qui les ont créés"



Les Béjaouis sont décidés à maintenir la pression sur les tenants du pouvoir en ce 16e vendredi de colère et de mobilisation populaires. Ils étaient, en effet, des dizaines de milliers à battre le pavé dans les rues du chef-lieu de wilaya de Béjaïa, mais aussi à Akbou. Rien ne semble avoir entamé cette formidable volonté populaire dans son aspiration au changement pacifique, mais radical, du système, en charge de la gouvernance du pays depuis 1962.Cette résolution à poursuivre la lutte a été illustrée par ce quartette d'octogénaires, qui a pris la tête du premier carré de manifestants en scandant : "Nous marcherons jusqu'à ce que tombe le gang", allusion à la "bande", qui veut la "réincarnation du régime" pour reprendre un manifestant. Les manifestants ont continué, au grand dam des tenants du pouvoir qui s'en tiennent à leur agenda en dehors d'une transition négociée et acceptée, à réaffirmer leur principale revendication, à savoir le départ de tout le système. Et comme la manifestation survient quelques heures après le discours du chef de l'Etat ? qui voit ainsi son intérim prolongé ?, dans lequel il a appelé à un débat inclusif, les protestataires ont rejeté, dans le fond et dans la forme, cette nouvelle offre, en réclamant tout bonnement son "départ" et celui du gouvernement.
En effet, le mouvement insurrectionnel ne s'est pas écarté de ses revendications, puisqu'il continue d'exiger le départ des figures repoussantes de l'ancien régime toujours en activité et la mise en place d'une période de transition. Il rejette, également, tout dialogue ou toute offre de dialogue, qui viendrait ou associerait le chef de l'Etat par intérim ou celui du gouvernement actuel. "On ne résout pas les problèmes avec ceux qui les ont créés", rappelle une pancarte, tandis que la foule scande : "Hey ! Viva l'Algérie, tetnhaw gaâ !" Ou encore : "Bensalah dégage", "Bedoui dégage", slogans qu'ont criés à tue-tête les manifestants avant même l'entame de la marche vers 13h30.
Certains n'ont pas manqué d'appeler, via leurs pancartes, à "une période de transition" ou à "la libération de tous les détenus d'opinion et l'instauration d'une Algérie algérienne, démocratique, laïque et fédérale", mais aussi : "Dissolution du FLN". Bien que maigres au départ, les rangs des manifestants grossissaient au fur et à mesure que la marche avançait, plus précisément dès 14h. Les manifestants, de plus en plus nombreux au fil des vendredis, ont encore donné de la voix, en faisant montre, pour la énième fois, d'une détermination sans faille pour se faire entendre.
M. OUYOUGOUTE


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