![On ne réchauffe pas une révolution](https://www.vitaminedz.com/images/puce.webp)
Certains cercles demandent à l'Algérie de rallier les révoltes arabes oubliant un principe sacré des peuples qui luttent: on ne réchauffe pas une révolution.La bouffée de colère expirée par la rue algérienne un certain 5 octobre 1988, n'a rien appris aux pays arabes qui, 25 ans plus tard, retombent dans les travers des transitions avortées. Comme en Algérie où le FIS dissous a raflé la mise lors des élections législatives du 26 décembre 1991, ce sont les islamistes d'Ennahda qui ont gagné les élections de l'Assemblée constituante en Tunisie du 27 octobre 2011. C'est la formation islamiste du Parti justice et développement (PJD) qui remporte les législatives du 25 novembre 2011 au Maroc. Et pour clôturer ce cycle de l'absurde, les Frères musulmans remportent pour la première fois dans l'histoire du Monde arabe la présidentielle, avec l'élection de Mohamed Morsi à la tête de l'Egypte en juin 2012. Dans les rues de Tunis, du Caire et de Rabat, quand les manifestant bravaient les forces de sécurité, point d'apparition pour les islamistes. Ni les slogans scandés, ni les mots d'ordre suivis ne rappellent la moindre présence islamiste. Loin d'être des acteurs de ces révoltes, les islamistes étaient plutôt à l'affût. L'histoire étant un éternel recommencement des choses, les islamistes ont reproduit le même scénario et adopté la même démarche que ce qu'ils ont fait en Algérie 25 ans plutôt: embusqués, ils ont structuré la société, préparé leurs réseaux avant de récolter le fruit des révoltes juvéniles. La suite des résultats est connue. L'Algérie a sombré dans une guerre civile pendant 15 ans. Désarmée, désavouée, isolée et bannie par les pays arabes et occidentaux, elle se débat, un pied à terre, seule face à l'hydre terroriste. La facture a été payée en sang des Algériens. L'Algérie a chèrement payé son refus d'accepter un régime théocratique imposé par le glaive des groupes islamistes: 200.000 morts, 20 milliards de dollars de pertes, plus de 30.000 bombes ont explosé et des dizaines de milliers d'attentats commis contre des civils, des intellectuels et les forces de sécurité. Sans programme économique clair, sans solution et sans réelle stratégie de gouvernance pour soulager la demande citoyenne, les islamistes fléchissent face à la colère de la rue. Les peuples arabes se rendent compte que leur «printemps», qu'ils ont défendu avec ardeur et enthousiasme a été absorbé par «l'aspirateur islamiste». Ayant échappé aux régimes dictatoriaux, ils se retrouvent déçus, nez à nez avec des régimes théocratiques. C'est ce qui s'appelle dans la mythologie grecque «tomber de Charybde en Scylla». Incapables d'adapter le dogme au pragmatisme quand ils ont été confrontés à l'exercice du pouvoir, les islamistes ont lamentablement échoué. Deux ans après ces révolutions, la Tunisie se débat toujours dans une crise, les islamistes viennent de perdre les élections (hier, Ndlr) au Maroc et la fable des Frères musulmans n'aura duré qu'une seule année en Egypte qui a failli sombrer dans l'irréparable. Pourtant, le précédent cas algérien était là pour rappeler les dangers des transitions. Au lieu de s'en inspirer, les pays arabes attendaient «le ralliement» de l'Algérie à cette dynamique dont elle a «bu» les travers jusqu'à la lie. L'Algérie a été en effet un véritable cas d'école qui aurait pu servir aux pays arabes. La venue de l'islamisme politique a fait sa première expérience en Algérie. Le fait aurait pu servir de leçon. Mais comme dit un proverbe chinois: «Quand on lui montre la lune, l'imbécile regarde le doigt.» Certains cercles demandent, sinon souhaitent toujours, voir l'Algérie rallier les révoltes arabes oubliant un principe sacré des peuples qui luttent: on ne réchauffe pas une révolution.
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Posté Le : 05/10/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Brahim TAKHEROUBT
Source : www.lexpressiondz.com