Algérie

On ne prête qu'aux riches


On ne prête qu'aux riches
«Donner aux pauvres, c'est prêter à Dieu» Anonyme «Qui donne aux pauvres, prête à rire» Francis BlancheTout le monde connait ces deux proverbes sortis tout droit de la sagesse des peuples: «On ne prête qu'aux riches» et «Il pleut toujours où c'est mouillé». Dans le premier cas, cela veut dire qu'on ne rend service qu'à ceux qui peuvent vous en rendre en retour ou qu'on ne prête de l'argent qu'à ceux qui sont susceptibles de rembourser dans les meilleurs délais. Dans le deuxième cas, cela signifie tout simplement que l'argent va là où il y a de l'argent. C'est un cercle vicieux pour parler plus clairement. Je m'en étais rendu compte, il y a longtemps, quand je promenais mes vingt ans dans les rues d'Alger, désargenté, sans feu ni lieu. Un jour que je le faisais avec un ami issu d'une famille très riche (je me suis toujours demandé pourquoi les fils de riches aimaient ma compagnie... c'est peut-être, pour se sentir encore plus riches'), je m'étonnais de la profusion d'appartements qui pouvaient exister dans la capitale et que parmi tous ces logements, il n'y en avait pas un seul pour les gens de ma condition. Il faut dire qu'à l'époque, il fallait soit avoir beaucoup d'argent pour payer un pas-de-porte, soit connaître quelqu'un au service des «Biens vacants» qui pouvait au moins vous dégoter un entresol ou un cagibi pour concierge. A cette époque, le souci du pouvoir était ailleurs, dans les plans triennaux et les nationalisations et déjà la nomenklatura naissante avait fait main basse sur la ville. Quand je m'en ouvris à mon riche ami (qu'il repose en paix!), celui-ci me confessa naïvement que c'était un «miss tmourth» qui était à la tête de ce service qui avait mauvaise réputation chez les mal-logés et que tous ses frères ont bénéficié d'un logement à loyer très modéré (à l'époque, les biens vacants n'avaient pas encore été bradés par la nomenklatura). C'est alors que le scepticisme à l'égard du socialisme spécifique me saisit. Quoi' Dans le pays du million et demi de chouhada, on privilégie les riches qui peuvent construire ou acquérir des immeubles et on laisse sur le trottoir les pauvres gens. Mon riche ami continua d'une manière candide: «Le bonhomme a fait tout cela, parce qu'il sait que si un jour, il avait besoin d'argent, il saura où en trouver.» Ce très cher ami m'avait ouvert les yeux d'une manière inattendue, mais je n'avais pas fini d'être au bout de mes surprises. Je me suis alors, mis à chercher un crédit immobilier: à l'époque, les institutions financières n'offraient pas de crédit. Une institution célèbre créée justement pour restreindre la boulimie de consommation qui avait saisi une population longtemps frustrée du minimum vital, prêtait alors facilement des sommes allant jusqu'à un salaire mensuel pour réaliser un mariage, acheter une voiture d'occasion ou payer un pas-de-porte. On ne vous demandait qu'une fiche de paie pour passer à la caisse. A cette époque, radio-trottoir avait semé la rumeur que dès l'indépendance acquise, Boumediene aurait demandé à ses frères d'armes de choisir entre la politique et les affaires. Ceux pour qui la guerre était finie, avaient choisi la deuxième solution: ainsi certains s'approprièrent des fonds de commerce, des immeubles dont l'usufruit allait devenir une véritable rente. Radio-trottoir, n'avait jamais précisé le montant de ces prêts ni les conditions de leur remboursement ni s'ils ont été un jour remboursés... Plus près de nous, les importateurs de véhicules ont été boostés par les institutions financières qui ont ouvert grand leurs coffres-forts... Mais parallèlement la presse privée a soulevé un voile d'un scandale qui n'a pas encore de nom: l'écrasante majorité de gros prêts n'ont pas été remboursés à la banque qui s'est montrée généreuse avec les grosses légumes. Pire, une importante institution financière dut racheter un prêt de complaisance de plusieurs milliards....
Quant aux modestes citoyens, ils auront toutes les peines à aller au bout du marathon que nécessite un prêt à l'immobilier: les chausse-trappes et les nombreuses astuces non écrites sur les dépliants publicitaires les attendent.
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